Au nom de morales diverses, la mise sous surveillance de l’humour unit des groupes aussi différents que les néoféministes et les musulmans radicaux. Ils détestent autant le rire que le doute et la liberté de penser. Hier encore, le journal Le Monde adressait des excuses à ses lecteurs après la publication d’une caricature sur l’inceste accusée de « transphobie » par la meute progressiste. L’esprit de sérieux, une incontrôlable pandémie bête et méchante ?
Quel est le point commun entre progressistes et salafistes ? Ils partagent la même aversion pour l’humour et le second degré, et la même disposition naturelle pour un assommant esprit de sérieux. À l’intérêt bien connu des djihadistes pour Charlie Hebdo répond en miroir celui, par exemple, de l’Association des journalistes lesbiennes, gay, bi.e.s, trans et intersexes (AJL). Ces apprentis gestapistes ont soigneusement écouté « Les grosses têtes » pendant un mois (les pauvres !) pour y relever, au Bic quatre couleurs, plus de 300 propos sexistes, racistes, homophobes, grossophobes et tutti quanti. Ce n’est en réalité ni la première ni malheureusement la dernière fois que convergent les obsessions des muftis et des « woke » – la frange la plus « éveillée » des belles âmes.
La majorité de Français qui ne se reconnaît dans aucune des minorités revendicatrices (ou l’une de leurs subtiles subdivisions) subit le harcèlement médiatique et judiciaire de communautés unies soit par une religion, une race ou encore des mœurs. Toutes ont le même ennemi, ce groupe majoritaire aux contours flous et parfois périphériques, inlassablement sommé de lâcher du terrain, au propre comme au figuré. Qu’elle soit meurtrière avec les attentats, larvée dans les tribunaux ou épistolaire sur les réseaux sociaux, il s’agit bien d’une guerre visant à détruire un mode de vie jadis au diapason du mâle blanc hétéro et judéo-chrétien. Face à cette union de facto des tyrannies minoritaires, nous alternons entre lucidité impuissante et apathie (version Jean-Michel). L’attitude des Français incrédules fait
