Beaucoup de Kevin et Matteo ? Finalement, ce n’est pas franchement ce que nous disent les rapports officiels, constate Elisabeth Lévy. La surdélinquance des descendants de l’immigration crêvait évidemment les yeux, même si la macronie refusait de l’affirmer politiquement.
Revenons donc sur ce fameux rapport administratif qui analyse les profils et les motivations des émeutiers de juin. Il émane de la “mission flash sur les profils et motivations des délinquants interpellés à l’occasion de l’épisode des violences urbaines du 27/06 au 7/07” de l’Inspection générale de l’Administration et de l’Inspection générale de la Justice, et a été rendu en toute discrétion le 25 août.
Depuis hier, les motivations des émeutiers font l’objet de nombreuses analyses. Je voudrais particulièrement évoquer la partie sur le profil des émeutiers. « Une grande majorité des émeutiers interpellés sont des jeunes individus de nationalité française, mais originaires de l’immigration (2ᵉ et 3ᵉ génération) principalement du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne » peut-on lire. La belle affaire ! Tout le monde le savait. Sauf que le discours officiel affirmait tout autre chose. Il y avait beaucoup de Kevin et Mattéo parmi les personnes arrêtées, selon Gérald Darmanin. Eh bien non, en majorité, les fauteurs de troubles n’étaient pas plus Kevin et Mattéo (même s’il y en avait) que les supporters anglais au stade de France.
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Cette rage du déni qui habite une grande partie de la classe politique et médiatique française est frappante. Après les émeutes, le président Macron nous avait expliqué qu’il n’y avait absolument aucun lien avec l’immigration puisque les émeutiers étaient français. Comme si les gens étaient définis par leur passeport, et pas aussi par leur culture, leur origine, leur religion ou leur histoire. C’est là la grande incohérence des progressistes: ils adorent les différences, ils vénèrent les identités (surtout venues d’ailleurs) mais prétendent qu’elles n’existent pas. Après les viols et agressions de Cologne par des migrants lors de la nuit de la Saint-Sylvestre en 2015, tous ceux qui observaient un choc culturel (entre culture permissive et culture répressive) étaient insultés et traités de fachos.
Il s’agit d’un mécanisme étrange et, il me semble, spécifiquement français. Non seulement, on ne veut pas voir, mais on traite ceux qui voient de racistes, de réacs et de nauséabonds. Comme le dit la chanson, celui qui dit la vérité doit être exécuté.
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Comment l’expliquer ? En bons Français, nous croyons au pouvoir du verbe. Ce qui n’est pas dit n’existe pas. D’où l’interdit des statistiques ethniques – cassons le thermomètre, la maladie disparaîtra. Sauf que la police en fait, en réalité, lorsqu’elle définit le profil des suspects mis en cause (on dit alors profil caucasien, nord-africain ou subsaharien…). Au-delà du pouvoir du verbe, il y a chez nous une idéologie totalitaire dans sa volonté de soumettre le réel. Pour les perroquets progressistes, le seul discours acceptable, on le sait, consiste à dire que l’immigration est une chance pour la France. Cela permet de se sentir moralement supérieur. En réalité, la surdélinquance des descendants de l’immigration maghrébine ou africaine et la faillite de l’intégration crèvent les yeux, mais tant pis, le réel ne passera pas.
Le mystère est que les progressistes aient réussi à nous imposer si longtemps ce récit mensonger par la menace, l’intimidation et le chantage au bannissement social. Sauf que ça ne marche plus. Beaucoup de gens voient ce qu’ils voient et tant pis si on les traite de racistes ou d’extrême droite. C’est d’ailleurs le principal vecteur de la dédiabolisation.
Comme l’avait compris Alain Finkielkraut, le camp du Bien a réussi à faire cadeau du réel à ce qu’il appelle l’extrême droite.