Le 5 février, deux lycéens ont mis le feu et saccagé la cathédrale Saint-Alain de la ville de Lavaur (Tarn). Son maire Bernard Carayon s’indigne du silence médiatique et de la mansuétude de l’Église face à ces attaques de plus en plus fréquentes.
Le timide soleil qui a succédé à la pluie ne s’est pas encore couché, ce 5 février, sur Lavaur, vieille cité tarnaise en Lauragais, teintée par la brique et la pierre dorée. Comme chaque jour, une paroissienne vient fermer la cathédrale pour la nuit, lorsqu’elle découvre qu’une épaisse fumée noire a envahi la nef.
Depuis cinq ans, la municipalité a entrepris de restaurer ce chef-d’œuvre architectural gothique méridional, édifié à la fin du XIIIe siècle, sur une terre marquée par l’hérésie cathare. Large, mais élégante, elle a été intelligemment conçue, comme celle de Pamiers, en Ariège, pour accueillir les foules à convertir, là où s’est dressé le plus important bûcher des Croisades.
L’identité d’une ville
Ici, nous cultivons avec piété le souvenir de Guiraude de Laurac[tooltips content= »Voir mon livre, Écrits et Paroles d’un homme libre, Privat, 2016, p. 45. »]1[/tooltips], seigneur « parfaite » de Lavaur, massacrée le 3 mai 1211 par les hommes de Simon de Montfort. Figure sans visage, aïeule sans tombe, elle incarne en Languedoc la noblesse de l’âme qui s’ajoute à celle de la souche : la femme, chef de guerre – comme seul l’Occident en produit –, qui ouvre sa citadelle aux cathares, échappés des brasiers de Termes et de Minerve.
Grande sœur de sainte Cécile d’Albi, la cathédrale Saint-Alain signe ainsi l’identité de notre ville, née de la tragédie, mais fécondée durant des siècles par les six ou sept congrégations qui y firent le bien.
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