Lors de la deuxième semaine du procès des assistants parlementaires des eurodéputés FN / RN, la défense s’est appliquée à dénoncer une instruction à charge. Récit.
Tant que le FN n’était qu’un acteur folklorique de la vie politique, les instances européennes et la Justice ne trouvaient pas grand-chose à redire sur son mode de fonctionnement au parlement de Strasbourg. Maintenant que c’est un poids lourd de la politique, on lui reproche d’avoir détourné les fonds européens destinés à l’embauche d’assistants parlementaires pour ses activités politiques. Cette semaine, au tribunal, Bruno Gollnisch a tout fait pour démontrer que Guillaume L’Huillier avait bien travaillé pour lui. Par ailleurs, l’ancien garde du corps et la secrétaire de Jean-Marie Le Pen ont également été entendus à la barre. Récit.
L’ancien garde du corps et la secrétaire de Jean-Marie Le Pen à la barre
L’accusation reproche à M. Gollnisch d’avoir signé des contrats d’assistants parlementaires locaux avec Mme Bruna et M. L’Huillier, ayant les fonctions respectives de secrétaire et directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen sur l’organigramme fonctionnel du Front national publié en 2005. Bruno Gollnisch a dénoncé une persécution “ad hominem, voire ad hominibus ». Après les débats techniques autour des contestations juridiques de la défense, les auditions des prévenus ont débuté ce lundi. M. Fernand Le Rachinel est le premier à être appelé à la barre. L’ancien apprenti typographe déroule sa carrière riche d’expériences. Il a créé de nombreuses entreprises, et des milliers d’emplois. Il a été vingt ans conseiller municipal, puis encore vingt ans élu au Conseil régional de Basse-Normandie, avant d’être élu député à deux reprises au Parlement européen. L’industriel normand est mis en cause pour les contrats de ses assistants parlementaires lors de la 6è législature (2004-2009), signés avec Mme Micheline Bruna et M. Thierry Légier. L’octogénaire reconnaît avoir signé lesdits contrats, pour lesquels il n’aurait jamais pu se douter de leur irrégularité. D’autant que, explique-t-il, cela se pratiquait déjà ainsi lors de son précédent mandat durant la 4e législature (1994-1999). Il s’étonne qu’aucun fonctionnaire ne l’ait jamais alerté, alors que tous les contrats étaient validés par l’administration du Parlement européen. Il l’assure : « Tout le monde connaissait le fonctionnement de notre groupe en pool », même si l’ancien eurodéputé, en tant que rapporteur de la commission des transports, aurait préféré avoir plusieurs assistants parlementaires qui lui soient entièrement dédiés. Mais, il a naturellement accepté l’organisation commune de la délégation, même si « M. Légier était plus souvent au service de M. Le Pen parce qu’il était le chef et à ce titre plus exposé ».
Ancien militaire parachutiste, puis garde du corps de princes saoudiens et de stars américaines, Thierry Légier raconte avoir pris la succession de son prédécesseur en signant un contrat d’agent temporaire directement avec le Parlement européen, dès 1992, ce qui faisait de lui un fonctionnaire du Parlement européen engagé « en qualité d’agent de sécurité du président Jean-Marie Le Pen.» En 1995, la législation européenne change, et le colosse d’1m90 signe alors un contrat avec le « groupe des droites européennes » au Parlement européen, contrat qui court jusqu’en
