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Prisonnier de la vache

Une journée au salon, le billet satirique de Denis Hatchondo


Prisonnier de la vache
Le président Macron visite le Salon de l'Agriculture, 25 février 2023 © Jacques Witt/SIPA

Macron au milieu des paysans c’est aussi naturel qu’Elisabeth Borne et sa doudoune à la fashion week. Passage obligé pour le président, aller saluer Ovalie la vache mascotte du Salon. Là où Chirac aurait tâté l’entrecôte de la bête au gros sel, Macron gardait Ovalie à distance, comme s’il était devant un T-Rex de Jurassic Park. Autre estomac, autre mœurs.


Allez L’OgM. Plus puéril que jamais, Macron a l’obsession de battre le record de présence d’un président au Salon. Alors on nous a fait des bassines d’un décompte chrono Apollo 13. Depuis 2017, le cerveau de Macron, en matière agricole, est pris en otage par la FNSEA pour l’hémisphère droit et les Verts pour le gauche. Les parrains de la FNSEA veulent, à terme, nous assaisonner la salade à l’huile de vidange, et les tarés de la religion verte nous imposer un régime à base de cailloux roulés sous les aisselles. Selon qui il a en face ce président s’adapte, on a suffisamment payé pour le savoir. Alors Macron au salon c’est Monsanto open bar. A un agriculteur qui lui dit que l’arrêt des pesticides signe son arrêt de mort, il le rassure à voix basse sur le ton de la confidence de Don Vito à un affranchi, “demain je suis à Bruxelles, on va prolonger le délai… T’inquiète minot.”

Hollywood Chewing-gum. Faute de goût : il a traversé le Salon avec un chewing-gum sous ses crocs de Rastignac. Double faute quand on vous invite tous les trois mètres à engloutir, gouter, boire. Ne pouvant pas devant une forêt noire de caméras se débarrasser du bubble-gum, il l’a calé dans un endroit tenu secret au fond de sa bouche, avant de s’essayer au Munster. “Mmm, très bon, délicieux, mmm cet arrière-gout de, de…” De chlorophylle !

A lire ensuite, Jean-Paul Brighelli: Consommons français — et pas européen

Il est des nôtres. Il a pu tâter de l’épaule d’agriculteur sans les excès tropicaux d’une queue de cyclone à Saint-Martin. On était dans le tactile professionnel, entre collègues. La ruralité il connait, via ses nombreux séjours chez sa mamie dans les Pyrénées. Ah la soupe aux choux de mamie… Les travaux au chalet, et ce jour où elle lui avait confié la clef des boutures de géranium, son certificat du mérite agricole.

Engagez-vous, rengagez-vous. Macron nous refait le coup de la diversion. Aux agriculteurs qui se plaignent de l’inflation, il demande de la patience et des efforts sur le thème du “nous sommes en guerre”. Ceux qui osent un timide “ ce n’est pas notre guerre” se prennent un méchant cours de géopolitique.Demander des efforts aux damnés de la terre sèche, qui font des journées de 17 heures, des semaines 7 sur 7, des années 12 sur 12 et pour ce qui reste, piquent du nez devant la météo, faut oser. Il a osé l’effort de guerre le bougre.

“Guerre et pets”. Zelensky s’acharne depuis deux mois à lui gratter des chars Leclerc, comme si c’était des caddies du Leclerc de Villetaneuse. Macron l’endort à la flute traversière et garde ses chars au chaud. Sous la pression des Alliés il doit céder. Mais voilà que Zelensky qui n’a pas de frein dans son char, exige maintenant d’avoir Pierre Palmade au volant du blindé. S’il accepte, demain c’est M’Bappé au Dynamo de Kiev.



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