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Printemps républicain: la gauche mal-pensante… ou presque


Printemps républicain: la gauche mal-pensante… ou presque
Soirée Charlie organisée par le Printemps Republicain, le Comite Laicite Republique et la Licra., Paris, 2018. LIONEL URMAN/SIPA. Numéro de reportage : 00838546_000063

Même s’il s’oppose aux autres gauches antilaïques, le Printemps républicain est-il encore de gauche ? Oui, et plusieurs signes le montrent, à commencer par son relativisme qui renvoie dos à dos islamistes et « identitaires ». Démonstration.


 

Ému par la beauté de ce que Fabrice Luchini avait dit sur la nécessaire élévation de l’homme de gauche, le narrateur a fait, on s’en souvient, le tour des différents partis politiques du camp du Bien, et malgré le regard d’une bienveillance paternelle qu’il a porté sur chacun, n’a pu y trouver la moindre raison de penser qu’ils portaient encore un quelconque espoir, suscitant l’inquiétude du lecteur qu’il a aussitôt rassuré : le Printemps républicain entend prendre la relève !

Le sacre du printemps

Ah ! Le printemps ! Le symbole du renouveau, de la modernité, donc du progrès ! C’est un truc de gauche, le progrès, au point qu’elle a presque un copyright dessus. Ça n’a pas été breveté parce que ça n’a jamais vraiment marché, mais on l’écrit toujours quelque part sur la feuille. Si ça ne sert à rien, ça manque quand on ne l’a pas.

Donc, le printemps. C’est ainsi qu’on avait appelé le chaos survenu dans le monde arabo-musulman il y a quelques années : le « printemps arabe ». Les chroniques s’étaient succédées pour ironiser sur les occidentaux endormis face à la formidable culture arabe sur le point de leur délivrer une leçon de modernité, montrant la voie vers des lendemains qui chantent. Puis le monde arabe est revenu à ses vieilles habitudes, et le dernier pays qui bourgeonnait encore, la Tunisie, a rejoint les autres en un profond hiver quand le peuple a porté au pouvoir les islamistes et un président désireux de revenir à la charia.

Eh bien le Printemps Républicain (PR) c’est un peu ça. À la base, l’intention est louable : revenir à la République, c’est-à-dire à la Loi, rien que la Loi, et à une laïcité sourcilleuse. Chose au demeurant curieuse puisque la Loi était plutôt le truc de Clémenceau, vu comme un ignoble individu par tout homme de gauche qui se respecte pour avoir appliqué la Loi contre le peuple.

Socialistes repentis

Car le PR compte surtout des anciens du PS, mais pas n’importe lesquels : ceux qui ont compris que le PS avait fait des erreurs. Pas en 1983, quand Mitterrand s’est détourné du peuple pour s’axer sur le sociétal. Pas après 2002, lorsque Hollande a tiré les leçons de l’échec de Jospin, à savoir que les Français avaient mal compris. Non, en 2016, après qu’Hollande ait été désavoué par des Français qui ne comprenaient toujours pas. Oui, ça n’a pas été très rapide.

Mais s’il s’oppose aux autres gauches, le PR est-il encore de gauche ? Oui, et plusieurs signes le montrent. Tout d’abord, les gens du PR jugent comme étant de droite tout ce qu’ils rejettent, même quand ils l’ont encouragé ou soutenu pendant des décennies. Ainsi, le racialisme, pourtant issu de l’associatif subventionné dont la principale officine, SOS Racisme, était un outil socialiste, est-il vu comme d’extrême-droite.

Pourquoi ? Eh bien, il est d’usage que la Gauche incarne toujours le Bien dans le combat contre un Mal qui est toujours de droite. Saint-Georges est de gauche, le dragon de droite. Toujours. Et plus le Mal est grand, plus la droite est extrême, pour finir par devenir l’extrême droite (à prononcer esstrêm’drouâte).

Gauche divine

De ce fait, lorsque la gauche s’avise de changer d’idées, les anciennes, et parfois les hommes qui les ont portées ou les portent encore, basculent alors dans le camp du Mal. Et c’est comme si tout cela n’avait jamais été de gauche : le camp du Bien revient pur et sans attache, comme s’il était enduit de téflon, et de l’antidreyfusard Jules Guesde aux soutiens aux khmers rouges en passant par Déat et Doriot, tout finit par glisser.

Et lorsque par malheur, un homme se fourvoie alors qu’il est encore réputé être de gauche, on dispose d’une dernière carte maîtresse, qui a servi de Lénine à Chavez en passant par Staline, Mao et Castro : l’excommunication. On édicte que les idées étaient bonnes et que c’est l’homme qui les a trahies. Puis on se rassoit, et on attend le prochain « petit père timonier maximo », qui cette fois sera le bon, puisqu’il incarnera à son tour le Bien, le Beau et le Vrai.

Mais revenons à cette hideuse extrême droite, forgée à partir de morceaux épars par Mitterrand afin d’assurer sa réélection : j’ai nommé le FN. Ce groupuscule n’en demandait pas tant, puisque bien que modeste sa taille permettait à Jean-Marie Le Pen d’en vivre grassement. Il s’est donc mis à grossir, puis la fille a succédé au père sur des positions qui sont celles de l’ancien RPR, et le parti a été rebaptisé. Mais peu importait, il fallait que l’ennemi demeure, car sans extrême-droite réelle ou supposée, il y aurait bien moins de gloire à être de gauche.

Mythe identitaire

D’ailleurs, le PR ne s’y est pas trompé et a de suite repéré le piège dans lequel l’ennemi tentait d’enfermer la France : une tenaille identitaire aussi redoutable que métaphorique, dont les mâchoires seraient « l’extrême droite populiste » et « des courants de replis intégristes religieux ».

Curieusement, celui qui brandit ainsi la tenaille ne s’avise pas que la première mâchoire n’existe qu’en réaction à la présence de la deuxième, et qu’il suffirait que celle-ci disparaisse pour que celle-là n’ait plus de raison d’être. Étonnamment, il ne situe pas non plus clairement le rôle de la gauche dans tout cela, alors que ces replis intégristes religieux, et l’on pourrait ajouter racialistes et racistes, ont été enfantés par le PS et ses satellites, et que la plus grande partie de la gauche politique actuelle leur tient encore la main.

Mais pour le PR, il s’agit de la mauvaise gauche : ce sont les gens qui ont dérapé vers « ce-qui-n’est-pas-la-gauche », en attendant de définitivement glisser vers l’une ou l’autre droite. De son côté, cette mauvaise gauche ne s’est pas gênée pour affirmer qu’elle seule incarnait la gauche, et que le PR était sans contestation possible un repaire d’extrême droite. Vous voyez ? Ça marche à tous les coups.

Des luges roses

C’est donc la tenaille, et non l’hirondelle, qui fait le Printemps Républicain. Ainsi que l’appel au respect de la Loi et une laïcité sourcilleuse, ce dont on ne peut que se louer, car c’est devenu chose rare à gauche. Mais pour le reste, hélas, rien ne change : on continue à croire que l’associatif sauvera le monde, alors qu’il a brisé la République en morcelant les services de l’État depuis 1981. On persiste à voir en l’Autre une part de merveilleux, au point qu’un responsable du PR veut permettre l’apprentissage de l’arabe à des gens sans repères dressés contre la République, au lieu d’en revenir à l’assimilation républicaine, seul modèle qui ait jamais marché. Et on n’y a surtout rien contre la double nationalité, cette identité complexe que l’essentiel des populations concernées n’a jamais su gérer.

En fait, si l’on veut comprendre ce qu’est le PR, il faut s’imaginer des gens sur des luges roses qui dévalent une pente sans rien contrôler, jusqu’à se casser la figure. Une fois relevés, une partie d’entre eux remonte sur les luges et repart sur la pente qui les mène au précipice. L’autre partie, les gens du PR, remonte jusqu’au sommet, se rasseoit sur les luges… et repart sur la même pente, en espérant que le résultat sera différent, ce qu’Einstein, s’il assistait à la scène, contesterait fortement.

Mais alors, me direz-vous, que faire quand on est de gauche ? Eh bien, sûrement pas rejoindre Laurent Joffrin, dont je ne parlerai pas car Céline Pina l’a fait bien mieux que je ne le pourrais. Mais en revanche, vous pouvez vous associer à elle au sein de Front Populaire, qui selon l’essentiel de la gauche, incarne actuellement l’extrême droite. C’est peut-être le signe qu’il incarne la République.

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est marseillais. Cela en fait un toutologue dont l'incompétence n'a d'égale que la mauvaise foi.

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