Quand il apprend le décès du Prince Philip, Le Monde s’empresse de rappeler ses bourdes et sa prétendue xénophobie. Pourtant, si ses journalistes se plongeaient dans les archives du journal, ils constateraient que le quotidien a pu employer aussi en son temps des termes désormais connotés négativement.
Quelques minutes après la disparition du prince Philip, Le Monde publiait une nécrologie dénigrant le défunt qui aurait « souvent fait montre d’une certaine condescendance aristocratique, voire de xénophobie ou de racisme impérial. »
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L’article, intitulé respectueusement « Philip, prince des bourdes », rappelle notamment qu’il avait demandé à un Aborigène si son peuple se battait toujours à coups de lance. Faut-il sérieusement voir une hiérarchisation des races, du mépris ou de la haine de l’étranger dans une question pas très fine ? Où se trouve la « condescendance aristocratique », surtout chez un homme qui a volontiers accueilli dans sa famille six roturiers comme époux de ses enfants et petits-enfants ? Les nécrologies étant préparées longtemps à l’avance pour être immédiatement publiées, le quotidien avait eu tout le temps d’y réfléchir.
Ce journal, qui s’indigne des petites gaffes et plaisanteries innocentes du Prince, ne devrait-il pas vérifier ses anciennes colonnes ?
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Le Monde a-t-il oublié le temps où il employait les termes « nègres » pour parler des Afro-Américains, par exemple en commentant l’adoption du Civil Rights Act du Président Eisenhower en 1957 ? Certes, le journal le faisait sans malveillance, mais il devrait se juger sévèrement à l’aune de son propre wokisme avant de trouver que Philip ne montrait pas assez patte blanche. On a d’ailleurs connu Le Monde bien moins critique quand, en 1991, il s’est agi de commenter les propos du Premier ministre français, Édith Cresson, qui avait comparé les Japonais à des fourmis, dit sa répulsion pour l’homosexualité, et affirmé qu’un quart des Britanniques, Américains et Allemands étaient homosexuels…
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