Un dirigeant de l’opposition peut-il légitimement appeler son camp à manifester dans la rue son opposition à la politique du gouvernement ? Si nous parlions du Bahreïn ou de la Biélorussie, la réponse serait dans la question. Mais il semble que cette logique d’impossibilité majeure vaille aussi chez nous, au moins pour certains.
Ainsi, le ministre du Budget Jérôme Cahuzac a estimé ce lundi matin sur RTL que Jean-François Copé, qui a dit songer- s’il était élu à la présidence de l’UMP – à appeler les Français à « descendre dans la rue » pour manifester contre la politique du gouvernement socialiste, en appelait au « désordre ».
Ce dimanche, le secrétaire général de l’UMP avait osé envisager une mobilisation comparable à celle du mouvement en faveur de l’école libre en 1984, marquée par une manifestation géante qui enterra ad vitam aeternam le projet de loi socialiste de service public unifié de l’Education.
On comprend bien que 28 ans après les faits, cette claque évoque de mauvais souvenirs mais on aurait tout de même pu attendre un peu plus de rigueur, surtout de la part d’un ministre du Budget. Au lieu de quoi, Cahuzac en fit des tonnes, comme l’atteste ce petit best of :
« J’estime que cet appel est, de mon point de vue, disqualifiant pour ce personnage »
« Nous avons là quelqu’un qui est candidat à la présidence de l’UMP et qui au fond a si peu confiance dans son parti, dans ses troupes parlementaires, qu’il en appelle à la rue, c’est-à-dire au désordre »
« Il démontre que, pour l’instant en tous cas, ce n’est pas un homme d’État. »
Heureusement que le PS, quand il était dans l’opposition, n’a jamais appelé le peuple de gauche à descendre dans la rue, sinon, on aurait frisé la mauvaise foi.
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