Le programme détaillé élaboré par les instigateurs de cette primaire, qui se tiendra fin janvier, regorge de mesures clivantes, quand elles ne sont pas inapplicables ou très dangereuses…
Ils sont désormais 467 000 inscrits à la primaire populaire, qui se déroulera du 27 au 30 janvier, mais combien ont vraiment lu son programme ? Probablement très peu, car il n’est plus public. Ce document de 35 pages avait été mis en ligne sur le site primairepopulaire.fr début novembre 2021, sans attirer l’attention. Lorsque la presse a commencé à s’y intéresser, fin décembre, les animateurs de la primaire populaire l’ont retiré précipitamment, en faisant valoir que c’était un simple document de travail. Cette hâte se comprend, lorsqu’on prend connaissance du document en question. Loin d’être un « socle commun » de nature à fédérer les partis de gauche, comme le prétendent les animateurs de la primaire, c’est un catalogue de mesures clivantes, voire extrêmes, inspirées par des groupuscules associatifs : une véritable machine à finir à 2% d’intention de vote !
Cyril Dion très actif en coulisses
L’interdiction de l’élevage intensif, par exemple, figure au programme. Sachant qu’il représente 85% au bas mot de l’élevage français et que notre pays n’a pas la place nécessaire pour pratiquer l’élevage extensif (sauf dans quelques régions de montagne), la primaire populaire propose en réalité une mesure cataclysmique, équivalent à la disparition de filières entières (porcs, œuf, canard, etc.). La catastrophe impacterait en premier lieu des régions de l’ouest de la France qui votent plutôt à gauche, soit-dit en passant. On retrouve ici une marotte des défenseurs du bien-être animal, version dure. En complément, la primaire populaire parle de réhabiliter « l’agriculture paysanne », c’est-à-dire à basse technologie et à bas rendement. C’est une des obsessions du cinéaste Cyril Dion, fort actif en coulisses dans la primaire.
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Il serait question aussi de « retirer les brigades d’interventions des quartiers populaires », thème cher au comité Adama Traoré. En clair, plus de descente de police musclée dans les cités. Les élus de gauche, qui ne sont pas tous des ravis de la crèche en matière de sécurité, apprécieront. Les quartiers de Pontanezen à Brest ou de Perseigne à Alençon, sans parler des cités nord de Marseille, accéderont définitivement au statut de zones de non-droit, avec sanctuarisation des points de deal.
Une gauche irrationnelle, anti-jeunes et anti-voitures
À supposer qu’elle soit partie de 25% de suffrages, par la magie de ces deux seules mesures, la gauche devrait descendre à 15%. Elle perdra probablement encore quelques points chez les rationalistes, avec le remboursement des médecines alternatives par l’assurance-maladie, ainsi que chez les jeunes, en leur imposant des journées « environnement et citoyenneté » obligatoires pour tous les plus de 18 ans. Sans parler des automobilistes, ciblés par l’interdiction des SUV en 2025. Par contraste, la sortie du nucléaire est abordée avec prudence. Elle interviendrait seulement en 2050.
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Venons-en maintenant au coup fatal, « garantir la retraite par répartition en assurant son financement par une augmentation progressive des cotisations », avec retour à la retraite à 60 ans. Impact, une baisse minimum de 150 euros du salaire net pour tous les salariés, car les cotisations vont flamber. Voilà la gauche en dessous de 5%. Le référendum sur l’écriture inclusive, la taxe sur les robots, la taxe sur le stockage de données, la réquisition des logements vacants, l’interdiction de la corrida et l’interdiction de la pêche au chalut (pratiquée par 40% des navires français sur la façade atlantique) la feront reculer encore quelques points.
Samuel Grzybowski et Mathilde Imer, le couple infernal
Les concepteurs principaux de cette machine à perdre sont deux trentenaires, Samuel Grzybowski, entrepreneur et conseil en relation sociales, et Mathilde Imer, militante écologiste. Samuel Grzybowski est sur la sellette depuis la révélation d’une vidéo par le Canard enchainé du 19 janvier. Le porte-parole de la primaire y détaillait sa stratégie : « notre but, avec le pôle politique, c’est d’essayer d’empêcher que les membres du bloc des justices – Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, Arnaud Montebourg et Yannick Jadot – puissent avoir les 500 signatures », s’ils refusent la primaire populaire. « Si on les critique de plus en plus sur les réseaux sociaux, sur Twitter, dans les médias, on peut faire baisser leur cote de popularité », ajoute-t-il. Réalise-t-il à quel point le programme qu’il a concocté en petit comité est lui-même de nature à plomber la popularité du camp qu’il prétend défendre ?
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