S’il est habituel de pester contre les sondages, il me semble que l’on devrait commencer par prohiber tous les classements qui nous disent qui est « en hausse » et qui est « en baisse », sur la base de critères différents pour chaque individu évalué.
Ces baromètres qui ne rendent compte que de l’humeur et des opinions de ceux qui les établissent ne se donnent pas, contrairement aux sondages, l’excuse de la scientificité. Mais ils s’en donnent l’aspect, avec de grosses flèches péremptoires.
Pour un même propos, telle personne sera jugée « en hausse » dans certains journaux et « en baisse », dans d’autres, selon que l’on considérera sa phrase comme « courageuse » ou « choquante », le critère déterminant étant la ligne idéologique du média. Il va de soi que, dans ce cas, le baromètre n’a strictement aucun intérêt, si ce n’est celui de flatter l’ego du lecteur en lui donnant l’impression que sa propre appréciation est validée par un dispositif d’allure rigoureuse, et donc par des experts.
Mais que dire quand des médias aussi peu engagés, théoriquement, qu’un quotidien gratuit distribué dans le métro proposent des baromètres de ce type, en décalage manifeste avec la perception commune des événements ? Voici un baromètre trouvé dans CNews Matin le mercredi 5 avril, soit le lendemain du fameux débat :
Il ne s’agit nullement d’évaluer des intentions de vote. Les grosses flèches indiquent des mouvements, somme toute, assez circonscrits. C’est la première observation que l’on peut faire.
Ensuite, on constate que l’évaluation de François Fillon repose sur les données d’une enquête d’opinion menée par l’Ifop. C’est le regard des citoyens sur le candidat qui a été interrogé, sous un angle particulier, celui de la « stature de président ». Il est surprenant de voir que l’on note avec tant d’emphase que Fillon « s’envole » chez les sympathisants de droite alors que l’on pourrait, à l’inverse, constater que près de 20% d’entre eux considèrent que…
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