Anne Hidalgo a obtenu hier de précieux conseils d’un géant de la politique française pour la campagne électorale à venir…
Hier, une rencontre au sommet a eu lieu entre notre dernier président de gauche (au bilan quinquennal ravageur) et la candidate officielle du PS pour 2022. C’est Anne Hidalgo qui a souhaité rencontrer l’ex- « président normal » Hollande. Peut-être les propos tenus par ce dernier, dans son nouveau livre Affronter (Stock), ont-ils attendri la maire de Paris ? Alors qu’il fustige l’ensemble des candidatures de gauche pour la présidentielle, les qualifiant de « lilliputiennes », l’ancien président fait une petite exception pour Anne Hidalgo. Elle y est présentée comme une « femme intègre, toute de sang-froid, de détermination et de ténacité ». Plus récemment, dans un entretien accordé à Ouest France, il la qualifiait de « courageuse » et affirmait qu’il se permettrait « de lui donner des conseils »…
Un soutien de poids
C’est donc probablement avide de bons tuyaux qu’Anne Hidalgo a organisé ce rendez-vous.
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Quand on plafonne autour de 6% dans les intentions de vote (dernier sondage PrésiTrack d’OpinionWay en date du jour), même Hollande devient un soutien de poids. Et on essaie d’oublier qu’on ne s’était pas privé de le critiquer par le passé. La candidate affirmait notamment en 2016 : « L’échéance 2017 sera difficile pour ma famille politique parce qu’on ne peut pas dire qu’on a démontré une grande efficacité dans les réalisations et on a un peu tourné le dos aux engagements » [1] , avant d’ajouter qu’elle avait trouvé le gouvernement de l’ancien président « trop conservateur sur les questions de société ».
On peut imaginer que François Hollande a continué hier midi d’encourager sa « fille spirituelle » [2] à rester fidèle à « l’identité socialiste » [3], comme il le fait dans son livre. Mais qu’est-ce que cette injonction lancée à Anne Hidalgo, au juste ? Peut-être une incitation à mettre de côté, le temps de la campagne, ses 30 km/h, ses “topagers parisiens”, ses “autoroutes citoyennes” pour vélo. Au lieu de ça, pourquoi ne pas se revendiquer à son tour comme nouvelle « ennemie de la finance » ?
Anne Hidalgo s’est peut-être indignée alors du dénigrement de ses mesures phares, de cette indifférence pour la grande politique écologiste. Mais Hollande l’a immédiatement rassurée en répétant d’un air las : « le temps de la campagne, chère Anne… ». Ce retour à cette identité socialiste révolue constitue pour l’ancien président la condition élémentaire au rassemblement d’une « majorité de Français »[4].
Hollande, vite !
Mais si les sondages très inquiétants d’Hidalgo ne s’améliorent pas, comment ne pas imaginer une candidature surprise de Hollande ? Est-on certain que les socialistes se rallieraient à Jadot en cas de retrait d’Hidalgo ? Commentateurs et socialos ne peuvent s’empêcher de fantasmer un hypothétique retour de Hollande. Mais ce fantasme de la « revanche » revient à chaque fois qu’un ancien président refait surface, peu avant une élection majeure… Sarkozy n’est-il pas encore assailli par les militants LR nostalgiques ou désespérés, dès qu’il fait un pas dans la rue ? Calmons-nous : Hollande et Hidalgo ont juste déjeuné, hier, rue de Rivoli, dans les bureaux de François Hollande. Une rencontre « inspirante et nécessaire » a affirmé la candidate au micro de BFMTV alors qu’elle sortait de l’entretien.
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Une rencontre suffisamment exaltante pour remonter dans les sondages ? Il convient de rappeler qu’Hollande n’est évidemment pas pour rien dans la déliquescence de son camp, dans cette décomposition de la gauche pour le coup pas lilliputienne du tout. C’est lui qui a tant déçu les Français et qui, en outre, a mis Macron sur orbite. Mais François Hollande nous rassure dans son nouvel ouvrage : « Je n’ai pas besoin de nourrir cette ambition (…). Je n’ai pas de revanche à prendre. » On sait le caractère imprédictible des élections, mais même la prodigieuse et célèbre imprévisibilité de François Hollande a des limites.
[1] Entretien dans VSD
[2] C’est Arnaud Montebourg qui qualifiait ainsi la relation de la candidate avec Hollande. « On est en direct » France 2, le 18 septembre.
[3] Dans Affronter (Stock), cité par Le Monde : https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2022/article/2021/10/20/election-presidentielle-2022-francois-hollande-fustige-les-candidatures-lilliputiennes-a-gauche-et-etrille-emmanuel-macron_6099182_6059010.html
[4] Ibibd.