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Présidence LR: Laurent Wauquiez, le candidat élu


Présidence LR: Laurent Wauquiez, le candidat élu
Laurent Wauquiez, avril 2017. SIPA. 00802152_000021

« – Quand je pense qu’on allait faire des élections pour choisir un nouveau chef. Les urnes sont déjà pleines.

– Les urnes sont pleines avant les élections ?

– Oui mais on les jette à la mer sans les ouvrir, et après, c’est le plus fort qui gagne. Une coutume de chez nous. »

Ce dialogue entre Astérix et Ocatarinetabellatchitchix, lors de l’aventure corse du célèbre héros de Goscinny et d’Uderzo pourrait bien aussi illustrer ce qui se passe pendant cette pré-campagne de l’élection à la présidence des Républicains (LR). Une pré-campagne hallucinante, où un seul candidat est assuré de remplir les conditions nécessaires en termes de parrainages de parlementaires et adhérents, et où il peut même se permettre de choisir ceux qui auront le droit de l’affronter.

Un candidat pour les gouverner tous

Dans ce rôle, il ne s’agit pas d’un chef corse exilé, de retour sur ses terres, mais de Laurent Wauquiez. En droit commercial, on parlerait d’abus de position dominante, et il serait déjà sanctionné par l’autorité gérant la concurrence. Laurent Wauquiez dispose visiblement de tous les fichiers d’adhérents, il peut arroser ces derniers de mails depuis des semaines alors que certains de ses concurrents sont à moins de 4000 noms. Quand on sait qu’il faut 2347 signatures de militants pour passer la rampe, leur qualification mercredi à 20h tiendrait du miracle républicain.

D’ailleurs, l’une d’entre eux, Laurence Sailliet, proche de Xavier Bertrand a jeté l’éponge dimanche soir. Depuis quelques jours, on s’inquiète quand même en haut lieu. Si Laurent Wauquiez était le seul qualifié, que ne dirait-on pas encore sur le rapport de LR à la démocratie ? Ce serait pain bénit pour LREM et surtout les constructifs qui auraient beau jeu de railler sur « ce parti d’un autre temps » – je vous fais les éléments de langage à l’avance.

Florence Portelli: « Nous avons bradé notre souveraineté »

Donc, à la fête de la violette de son ami et soutien Peltier, Laurent Wauquiez s’est publiquement choisi un challenger, Daniel Fasquelle, incitant les militants à le parrainer. Pourtant Fasquelle est lui-même déjà trésorier, a donc un accès au fichier des adhérents et n’est donc pas le plus mal placé pour solliciter ces derniers. Quand il a découvert cette adresse de Wauquiez à Fasquelle dans le JDD, Julien Aubert qui rame pour obtenir les sésames, lui a ironiquement fait savoir via Twitter qu’il était prêt aussi à bénéficier de cette générosité. Il semble d’ailleurs que Laurent Wauquiez refuse totalement la perspective de voir le député de Vaucluse concourir. Deux parlementaires parrains de ce dernier, dont l’un issu de la région Auverne-Rhône-Alpes, ont ainsi été retournés par l’homme à la parka rouge.

Pourquoi cette attention particulière ? Serait-ce parce qu’Aubert pourrait lui manger une partie de la laine eurosceptique sur le dos ?

Un front « Tout sauf Wauquiez »?

On s’inquiète donc en haut lieu de l’image que pourrait donner ce scrutin avec un seul bulletin possible et on a demandé à Madame Levade, grande organisatrice qui avait déjà présidé la haute autorité à la primaire, de voir si on ne pourrait pas assouplir les règles, par exemple en donnant un délai supplémentaire pour obtenir les parrainages. Mais l’inflexible Anne Levade se fait tirer l’oreille. Notons qu’elle n’est pas très regardante sur l’abus de position dominante que constitue le privilège d’avoir accès aux fichiers. Dans un monde normal, son premier travail aurait été de s’assurer que tous les candidats potentiels soient à égalité pour pouvoir solliciter les parrainages. C’est ce qu’on appelle la souplesse à géométrie variable.

Julien Aubert: « Je veux restaurer la primauté du droit national sur le droit européen »

Maël de Calan, proche d’Alain Juppé, et Florence Portelli, proche de Valérie Pécresse, semblent en meilleure position que Julien Aubert pour être sur la ligne de départ. Mais en abusant de sa position, Laurent Wauquiez ne s’est pas fait que des amis. Si jamais Florence Portelli devait être sa seule adversaire, on peut compter sur sa pugnacité, et l’énervement suscité par les conditions de la pré-campagne pour voir se constituer un front TSW, « tout sauf Wauquiez ». On voit mal, par exemple, comment Julien Aubert pourrait soutenir celui qui a tout fait pour le mettre sous l’éteignoir.

Les Républicains ont besoin d’un débat idéologique

Mais le verrouillage n’est pas le seul en cause. Même avec ces abus de position dominante, on s’interroge sur la faible mobilisation des adhérents LR. Voilà 234 700 personnes censément politisées, et qui ne comprennent pas l’intérêt d’un débat idéologique dans leur parti. Peut-on l’expliquer par le traumatisme né de la guerre Copé-Fillon de 2012 ? Les militants se diraient que la démocratie interne (primaires incluses) n’a pas que des avantages et seraient nostalgique de l’ordre ancien avec un seul candidat possible ? Si c’était le cas, ces frileux militants se mettraient le doigt dans l’œil. Car la meilleure garantie de ne pas assister à une bagarre de chiffonniers comme en 2012, c’est justement de permettre un véritable débat idéologique que seule la présence de toutes les tendances peut garantir.

S’il y a un duel Wauquiez-Portelli dès le premier tour, le débat se fera sur le style et la personnalité. Les médias choisiront leur gentil et leur méchant, comme en 2012, et c’est ainsi que la campagne pourrait dégénérer. Or, LR a, comme beaucoup d’autres partis politiques, besoin d’un véritable débat sur sa ligne et son positionnement politique. Il doit discuter idéologie, afin de pouvoir exister dans la recomposition du paysage politique. C’est à ce prix que les fondations pourront être solides. Il est désespérant que les adhérents de LR n’aient pas saisi cette évidence. Plus encore, il est consternant que Laurent Wauquiez refuse, par confort, cette confrontation, prenant le risque de devenir début décembre un colosse aux pieds d’argile.

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