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Préfecture de Police: le déni de Christophe Castaner est une trahison

La peur d'être taxé d'islamophobe: notre principale faille de sécurité


Préfecture de Police: le déni de Christophe Castaner est une trahison
Devant la préfécture de police le 3 octobre 2019 © Kamil Zihnioglu/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22384722_000013

Depuis quand tuer à l’arme blanche quatre personnes est-il considéré comme un « coup de folie » en France ? Le déni de Christophe Castaner suite à l’attentat de la Préfecture de police est-il l’erreur de trop ?



Jeudi après-midi, quatre personnels de la Préfecture de Police de Paris sont morts, tués par un cinquième avant qu’il soit abattu pour mettre fin à son périple meurtrier. Quatre vies tragiquement perdues à cause d’une vie affreusement pervertie. Quatre personnes trahies par tous ceux qui refusent de regarder en face ce qui à si profondément corrompu la cinquième, du Préfet de Police en personne au ministre de l’Intérieur, en passant pour toute une litanie de commentateurs pour qui la susceptibilité froissée de certains croyants est infiniment plus importante que le sang versé.

Oui, ce drame est probablement un attentat. Oui, attentat ou non, c’est l’oeuvre de l’islam littéraliste, stricte application des préceptes coraniques, parfaite mise en application de ce que cette idéologie dit être la volonté d’Allah.

Mickaël Harpon, informaticien de la préfecture de police de Paris

Refuser de le voir, refuser de le dire, refuser d’en tirer les conséquences qui s’imposent, c’est trahir les morts, trahir la République et trahir la France.

Rappelons les faits, tels qu’ils sont connus à l’heure où j’écris ces lignes. Jeudi, en début d’après-midi, un homme de 45 ans, fonctionnaire de catégorie C à la Préfecture de Police de Paris depuis 2003,  a agressé au couteau plusieurs de ses collègues, tuant 4 d’entre eux avant d’être abattu par un jeune policier.

Très vite, il est apparu que cet homme, d’origine martiniquaise, s’était converti à l’islam. Certaines sources disaient « depuis 18 mois », il semble maintenant que cela remonte à plus longtemps. Du moins fréquentait-il une mosquée depuis plusieurs années, sans forcément avoir fait dès le départ sa shahada, la « profession de foi » qui marque la conversion officielle.

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L’agresseur a été dit sourd-muet, à plus ample informée ses handicaps auraient été partiels. L’attitude de certains collègues devant ces infirmités a-t-elle joué un rôle dans son passage à l’acte ? La manière dont lui-même vivait ce handicap a-t-elle joué un rôle ? C’est possible. Les décisions importantes d’une vie – et commettre un attentat ou un crime en est une, même monstrueuse – ont rarement une cause unique.

On a rapidement pu lire sur les réseaux sociaux qu’il n’embrassait plus ses collègues féminines, et ne leur serrait plus les mains non plus. Ce point, aujourd’hui, semble incertain. Etait-ce son attitude depuis longtemps ? Depuis un mois ? Seulement le matin même ? S’il est avéré, ce comportement est révélateur. Bien des musulmans serrent la main des femmes, bien des musulmanes serrent la main des hommes. Refuser de le faire, au mépris des règles de politesse les plus élémentaires du pays où l’on se trouve, est un signe de radicalisation. Pas forcément violente, mais en tout cas idéologique.

Employé au service informatique, habilité secret défense, à quelles données avait-il accès ? Mystère.

Enfin, l’utilisation d’un couteau en céramique, très vite rendue publique, suffisait à prouver la préméditation.

Christophe Castaner et Sibeth Ndiaye : l’aveuglement, le déni

Tous ces éléments étaient connus au moment où Christophe Castaner et Sibeth Ndiaye ont pris la parole, peu après les faits. S’ils n’en disposaient pas, c’est que leurs équipes sont d’une incompétence crasse. S’ils en disposaient, ils ne pouvaient pas ignorer qu’ils imposaient l’hypothèse d’un acte motivé par des considérations religieuses.

Hypothèse seulement, mais hypothèse impossible à écarter, contrairement à ce qu’ils se sont employés à faire, leurs propos pouvant se résumer par : « circulez y’a rien à voir. » Ne leur en déplaise, le littéralisme coranique théocratique nous a déclaré la guerre, comme il a déclaré la guerre au monde entier depuis la destruction du sanctuaire de Taëf il y a près d’un millénaire et demi, et lors d’une guerre le simple bon sens impose d’envisager une action ennemie lorsque celle-ci est probable, même si elle n’est pas certaine.

Puis l’enquête s’est poursuivie. A quelle vitesse les éléments complémentaires ont-ils été connus, et par qui ? Impossible à dire à ce stade. Ce que l’on peut dire, c’est qu’au moment où le Préfet de Police Didier Lallement a pris la parole pour une conférence de presse, hier, n’importe qui était en mesure d’affirmer qu’il se moquait du monde.

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Comment a-t-il osé prétendre que « les conditions de sécurité » au sein de la Préfecture de Police « sont absolues » et qu’elles « ne sont pas en cause » ? Qu’un de ses agents en tue quatre autres au sein même des locaux de service est un terrible échec, la preuve d’une faille de sécurité majeure ! Etait-elle évitable ? Pas forcément. Faut-il chercher des responsables, des coupables ? Pas forcément. Aucun système de sécurité n’est infaillible. Nul ne peut reprocher au Préfet de Police de n’avoir pas empêché le drame. En revanche, refuser d’en tirer les leçons, se réfugier derrière la conformité réglementaire des mesures de sécurité sans admettre leur faillite, est une faute grave. Les propos de Didier Lallement ont été indécents, indignes de tous ces policiers qui luttent parfois au péril de leur vie pour notre sécurité à tous, malgré les risques, malgré les injures.

Le parquet national anti-terroriste saisi

Aujourd’hui, 48h après les faits, nous en savons plus. L’assassin fréquentait la mosquée dite de la Fauconnière, de Gonesse. Parmi les prêcheurs qui y sont invités, on trouve un dirigeant du bureau de la Ligue Islamique Mondiale basé à Mantes-la-Jolie. Son imam, en septembre dernier, défendait dans un prêche l’idée d’un état régi par la loi religieuse, la charia, citant le fameux Ibn Taymiyya, l’un des principaux inspirateurs de l’islam politique contemporain.

Tous ceux qui vont à cette mosquée sont-ils des terroristes en puissance, ou les tenants d’un islam politique même cherchant à s’imposer par des moyens non-violents ? Sans doute pas ! Mais qu’un fonctionnaire employé par la police dans le service chargé de la lutte contre la radicalisation islamiste choisisse de fréquenter ce genre de mosquée est pour le moins révélateur (à moins qu’il ait été en mission d’infiltration, mais son profil permet d’en douter très fortement….).

Ayant reçu un SMS dans lequel il évoquait entre autres l’achat du couteau, sa femme lui aurait répondu en substance : « Seul Dieu te jugera. Allahou akbar. » N’en déplaise à certains, beaucoup de femmes musulmanes n’auraient pas du tout cette réaction ! La moindre des choses, lorsque quelqu’un a accès à des informations sensibles, est d’enquêter sur son entourage. Le Parquet national anti-terroriste a d’ailleurs ouvert hier une enquête pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. »

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Pire, peut-être. En 2015, il avait fait l’objet d’un signalement pour avoir dit « c’est bien fait ! » après l’attentat contre Charlie Hebdo. La même année, il relayait un article accusant la France d’être « en tête des pays les plus islamophobes d’Europe. » Cela ne l’a pas empêché d’avoir l’habilitation secret défense, ni le poste que l’on sait. Mais les conditions de sécurité ne sont pas en cause, pour Didier Lallement, et quatre ans plus tard « il n’y a pas eu le moindre signe d’alerte », d’après Christophe Castaner. Faut-il leur reprocher d’avoir menti, ou de s’être drapés dans des certitudes rassurantes alors qu’ils ne savaient rien ? Les deux semblent difficilement compatibles avec les responsabilités qui sont les leurs….

La peur d’être taxé d’islamophobie est un poison

Oui, des dysfonctionnements sont certains. Il faudra une enquête poussée, et si possible dépassionnée, pour les identifier et les rectifier. Mais il serait aussi vain qu’hypocrite de s’arrêter là. Car une chose me semble certaine : la responsabilité essentielle n’est pas celle de la Préfecture de Police, ni d’aucun de ses agents ou de ses chefs.

Mohamed Sifaoui a mis le doigt dessus sur Twitter ce matin même : « Imaginons dix jours avant le passage à l’acte la polémique qui serait née de l’information suivante : Michaël, un Martiniquais, malentendant, est licencié de la Préfecture de Police après sa conversion à l’islam. »

Beaucoup de ceux qui hurlent aujourd’hui pour dénoncer sa présence au sein de la PP auraient hurlé encore plus fort à la discrimination, au racisme d’état, à l’islamophobie, au « retour des heures les plus sombres », aux « amalgames nauséabonds ». On aurait dit que refuser de serrer la main des femmes est une question de pudeur, et que c’est son droit. Je parie même que certaines prétendues « féministes » auraient été les premières à le dire. Et ainsi de suite.

Voilà la principale faille de sécurité. Voilà en quoi notre société est responsable de ces quatre morts.

S’agit-il d’un attentat ? Je l’ignore. Le terme « d’attentat » suppose une intention politique. Ce que j’affirme en revanche, c’est que le contexte religieux a joué un rôle dans le passage à l’acte. Un rôle de premier plan, même, si sont confirmées les déclarations de l’épouse selon lesquelles le tueur aurait « entendu la voix d’Allah » dans la nuit.

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« C’est la preuve qu’il était fou ! » s’écrieront aussitôt ceux dont la seule motivation est d’éviter à l’islam de faire face à ses responsabilités. Fou sans doute, mais d’une folie qui est l’adhésion à une doctrine malfaisante. Si ces déclarations sont vraies, ce qu’elles prouvent c’est qu’il était possédé, au sens où CG Jung disait des Allemands en avril 1939 : « ils sont tous possédés par un dieu barbare. » On connaît la suite.

L’islam littéraliste doit être bouté hors de France

J’évoque la responsabilité de l’islam. Elle est cruciale. Bien sûr, tous les musulmans ne sont pas ce que l’on appelle des islamistes, loin de là ! Il n’en demeure pas moins que l’islam doit regarder en face sa part d’ombre. Il doit arrêter de donner la priorité à sa propre protection face aux « amalgames », à la prétendue « islamophobie », à la préservation du mythe de sa perfection de religion révélée. Il doit se retourner face à lui-même, accepter de voir le monstre lové en son sein depuis les origines, accepter qu’il s’agit d’un monstre, et le combattre, le vaincre, et renaître.

Beaucoup de musulmans l’ont fait, et sont déjà sortis victorieux de cette lutte, avec une lucidité et un courage  que nous devrions tous prendre en exemple. J’ai évoqué Mohamed Sifaoui, je pourrais parler de Mohamed Louizi, Yadh Ben Achour, Amin Zaoui, notre contributeur Driss Ghali, et tant d’autres.

Ils sont la conscience de l’islam, ils sont aussi son honneur, et son seul espoir. Eux seuls peuvent lui éviter de perdre toute spiritualité digne de ce nom, et de se réduire à un simple totalitarisme théocratique fanatique, adoration étouffante et sinistre de Moloch sous un nouveau nom.

Ils sont aussi notre espoir, à tous. Ils sont ceux par qui l’islam pourra accepter de passer au crible de la critique éthique et rationnelle. Ils sont notre chance d’échapper à l’alternative terrible entre la soumission et la guerre, parce qu’ils ont prouvé que sans cesser d’être musulmans en cas de guerre ils choisiront le camp de la liberté et de la conscience.

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Nous devons leur montrer qu’ils ne sont pas seuls. Et cela commence par oser dire, comme eux, les vérités qui dérangent. Un dieu qui ordonnerait ce qu’ordonne le Coran pris au pied de la lettre, littéralement, serait un monstre. Il s’opposerait à tout ce qu’il y a de bon, de beau et de vrai dans notre civilisation, héritière de l’Antiquité, de la Chrétienté et des Lumières. Ce monstre n’a pas sa place dans notre pays. Son culte n’a pas sa place dans notre pays. L’islam littéraliste n’y a pas sa place.

Nos concitoyens musulmans qui font le choix de l’islam humaniste et républicain ne vénèrent évidemment pas ce monstre. Eux ont toute leur place non seulement à nos côtés, mais avec nous, parmi nous : ils sont des nôtres, ils sont « nous ». Il est absurde de ne pas le voir, il serait aussi injuste que suicidaire de le refuser.

En revanche, ceux qui préfèrent le littéralisme coranique théocratique, que l’on nomme généralement « islamisme », ont choisi de faire passer des injonctions dogmatiques abominables avant l’élan naturel de la conscience morale. Ils n’ont pas leur place en France. Ils n’ont d’ailleurs leur place nulle part : partout et notamment dans le monde musulman, des hommes et des femmes, croyants et incroyants, se dressent contre leur obscurantisme fanatique, pour balayer leurs dictatures abjectes.

Il est grand temps de les démasquer, de les débusquer, de leur interdire de se cacher au milieu de ceux des musulmans qui acceptent pleinement nos lois et notre art de vivre. Il est grand temps de les voir pour ce qu’ils sont, et de l’affirmer. Il est grand temps de leur dire sans hésiter : vous plierez, ou nous vous combattrons.

Si nous ne le faisons pas, les morts de la Préfecture de Police, comme tant d’autres, seront morts en vain.

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Haut fonctionnaire, polytechnicien. Sécurité, anti-terrorisme, sciences des religions. Dernière publicatrion : "Refuser l'arbitraire: Qu'avons-nous encore à défendre ? Et sommes-nous prêts à ce que nos enfants livrent bataille pour le défendre ?" (FYP éditions, 2023)

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