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Pourquoi les publications de droite sont-elles plus talentueuses?

Philippe Bilger ne lâche plus son "Valeurs actuelles"


Pourquoi les publications de droite sont-elles plus talentueuses?
Le directeur de la rédaction de l'hebdomadaire "Valeurs actuelles", Tugdual Denis. DR.

Notre chroniqueur se régale à la lecture de Valeurs Actuelles ou de L’Incorrect, et analyse l’injuste opprobre qui frappe souvent ces publications.


Pour concéder au vocabulaire paresseux, j’avais songé à ajouter l’extrême droite dans mon titre mais cette appellation mise à toutes les sauces n’a plus aucun sens, aussi bien sur les plans politique que médiatique. Et je m’en tiens à la seule droite et si on la juge extrême, pourquoi pas ? J’avais aussi écrit, d’abord, « plus intelligentes » au lieu de « plus talentueuses ». Je pourrais justifier l’emploi de cet adjectif mais tout compte fait il me semblait un peu réducteur et, en même temps, injuste à l’égard d’autres publications dont l’intelligence, pour être d’un bord opposé, était néanmoins certaine. Cette envie de billet, que je ne ressens pas comme provocatrice, m’est venue à la lecture de certains textes, portraits, analyses ou débats qui, sur des sujets rebattus, parvenaient cependant à surprendre par leur qualité, leur densité et leur finesse et dépassaient largement tout ce que j’avais lu avant eux. Je songe notamment dans Valeurs actuelles à un portrait fouillé, et d’une incontestable profondeur psychologique et politique, du Premier ministre Gabriel Attal par Tugdual Denis ainsi que d’une approche à la fois subtile, très éclairante, critique mais honnête, plus explicative que bêtement dénonciatrice, de Gérard Depardieu par Laurent Dandrieu. En prenant connaissance de l’un et de l’autre, on avait vraiment la certitude d’apprendre quelque chose. Dans L’Incorrect par ailleurs (si mal nommé car aujourd’hui pour l’être il faut en faire beaucoup !), une confrontation entre Jérôme Fourquet, Henri Guaino et Pierre Vermeren sur les thèmes principaux qui agitent notre société, l’indignent ou la déstabilisent, est passionnante au point de faire ressembler la multitude des rencontres médiatiques, ailleurs, au mieux pour un échange de banalités, au pire pour d’improbables observations. Ce n’est pas rien puisqu’on constate dans les magazines cette tendance absurde à faire dialoguer, pour un pur remplissage ou une visée promotionnelle, des personnes qui ne se connaissent pas, n’exercent pas le même métier et n’ont rigoureusement rien à nous dire d’intéressant.

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Je ne prendrais pas la peine d’attirer ainsi l’attention sur ces publications de droite revendiquée si elles ne risquaient pas de demeurer frappées d’un opprobre automatique, faute de curiosité et à cause d’une intolérance absurdement discriminatoire. Pourtant ce que j’ai mis en valeur serait de nature à stimuler tous les esprits. Pourquoi ces publications sont-elles en l’occurrence, sur le plan politique ou culturel, assez souvent meilleures que celles au contenu de gauche, voire d’extrême gauche ? D’abord parce qu’elles ne sont pas obsédées par l’esprit partisan mais bien davantage par la liberté de l’esprit qui les incite, quoi qu’il en coûte à une cohérence artificielle, à préférer la vérité, selon la conception qu’elles en ont, au dogme. Et sur Gabriel Attal comme sur Gérard Depardieu, il existe et fait des ravages ! Ensuite elles échappent à ce qui est la plaie des magazines « grand public » de droite comme de gauche : leur prévisibilité. Cette caractéristique a pour conséquence de décourager le lecteur puisque, en ayant lu un, il sait à peu près ce que sera le suivant. Il pourrait par avance deviner la pente de tous les articles de nature sociétale et politique. Certes cette monotonie ne le conduira pas forcément à quitter une publication dont il a l’habitude mais pour moi, rien n’est plus insupportable que cette atonie intellectuelle qui offre la pensée toute faite à ceux qui la rêveraient un peu moins « fixiste ». Cette disposition reposante pour beaucoup se remarque sur tous les registres : il y a par exemple des chroniqueurs judiciaires dont la tonalité, derrière une apparente objectivité, est aisée à pressentir. Mais un Laurent Valdiguié dans Marianne, par exemple, n’a pas abandonné l’envie d’étonner avec un souci de ne pas forcément emboîter le pas aux vaches sacrées.

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Enfin, la distinction capitale entre les médias de gauche et ceux que je loue dans ce billet n’est évidemment pas l’intelligence. Même si le progressisme s’est approprié abusivement cette qualité en la déniant au camp qui osait le contredire. C’est le fait que l’intelligence des médias de gauche, parfois indiscutable en raison de la qualité des journalistes, est subtilement limitée, voire entravée dans son expression par la peur de servir la cause de l’adversaire. Ou de n’être pas suffisamment dans la décence par rapport à un humanisme autodécrété. J’admets bien volontiers que les exemples sur lesquels j’appuie ce post sont limités et réduisent donc la portée de mon argumentation mais il me semble cependant que le talent dont je crédite ces articles de Valeurs actuelles et de L’incorrect viennent de leur style, de leur liberté, de leur singularité et d’une certaine manière à la fois entière et élégante de dire la vérité. Je sais ce dont se privent les hémiplégiques de l’intolérance puisque je lis à peu près tout dans un pluralisme volontariste mais de grâce qu’ils se penchent aussi sur ce que je conseille et que leur bonne foi fasse le reste !



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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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