Hugo Chavez persiste et signe. Après avoir dénoncé le complot occidental en Libye, il attire notre attention sur la cabale qui se trame contre la Syrie. Si vous aviez parié qu’Assad allait remporter haut la main le concours du discours orwellien de l’année 2011, la lecture des propos du président vénézuélien risque de vous faire regretter cette décision hâtive.
Ainsi, le jour où Assad a lancé son armée pour mater la contestation, Chavez a choisi de lui adresser un message de soutien personnel, suivi, comme d’habitude, d’une analyse lucide et limpide des enjeux : « J’envoie d’ici nos salutations au président Bachar el-Assad [..] Des terroristes se sont infiltrés en Syrie, provoquant de la violence et des morts, et une fois de plus le coupable (désigné) est le président sans que la moindre enquête ait été menée ».
Est-ce qu’une personne disposant des toutes ses facultés intellectuelles peut croire à cela ? Qui peut avaler cette histoire d’« infiltrés » qui sèment depuis six semaines la pagaille en Syrie ? Et même en acceptant cette hypothèse bolivarienne loufoque des agents de l’extérieur, comment se fait-il qu’ils arrivent si bien à mobiliser les Syriens ? Devrais-je rappeler à ce grand penseur révolutionnaire qu’une étincelle, même étrangère, aurait toujours besoin de poudre pour faire exploser le système ?
La suite du discours est de la même eau. Chavez y dénonce bien sûr les arrières pensées de la communauté internationale « Ils commencent à se dire : sanctionnons le gouvernement [syrien], gelons leurs avoirs, bloquons-les, bombardons les pour défendre le peuple – quel cynisme ! Mais que voulez-vous, c’est l’Empire [les Etats-Unis], c’est une folie impériale ». En Lybie on peut faire croire que l’Occident cherche à mettre la main sur le pétrole, mais en Syrie ? L’embarras à Paris, Washington, Berlin et Jérusalem rappelle les premiers jours de la révolution égyptienne et personne ne fait preuve d’un grand enthousiasme à l’idée de faire face à ce nouveau casse-tête.
Quels sont donc ces enjeux stratégiques qui justifieraient des menées déstabilisatrices de l’Occident ? En Syrie, il n’y a ni pétrole, ni gaz, ni uranium, ni rien de semblable en sous-sol. En revanche on y produit les meilleures pistaches de la planète. Une enquête exclusive de Causeur prouve que Chavez a raison. Nous sommes à même de prouver qu’il existe un vaste complot visant à mettre la main sur le marché mondial des pistaches. Vous ne nous croyez pas ? Il suffit de regarder les chiffres ! L’Iran dispose aujourd’hui de 33% de la production mondiale et avec l’aide la Syrie et de la Turquie, les mollahs risquent de créer un cartel, une sorte d’OPEP de l’apéro (sans alcool, hein). Le nucléaire iranien n’est qu’un écran de fumée pour masquer la mainmise de Téhéran sur le marché des pistaches, produit que les think tanks américains appellent – non sans raison – « le biscuit apéritive des pauvres ».
Je vous laisse imaginer les conséquences – pour la région, pour le processus de paix mais aussi pour le monde – d’un succès iranien dans ce domaine. On comprend mieux pourquoi la CIA a monté de toute pièce – épaulée bien entendu par le Mossad – la révolution syrienne. Face à de tels enjeux, il faut assumer ses responsabilités.
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