Les élections européennes ont démontré qu’une majorité de Français votaient à droite. Les élections législatives qui s’annoncent devraient être une chance à saisir pour voir naître une union des droites. Tout les rassemble, mais ce n’est pas suffisant…
Les résultats des élections européennes ont démontré, s’il en était besoin, que la France a bel et bien basculé à droite. Que l’on en juge : le score cumulé de Glucksmann, Aubry et Toussaint – 29,14% – n’atteint même pas le niveau de Bardella seul ; quant au score cumulé des droites, avec Bellamy et Maréchal, il monte à 44,17% !
Une chance à saisir pour la vraie droite
Le président de la République lui-même, prenant acte de la rupture entre les idées qu’il porte et les aspirations du peuple français, a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale, une première depuis 1997. Les élections législatives seront l’occasion de changer de majorité parlementaire et de permettre, le cas échéant, la nomination d’un gouvernement de cohabitation. Pour la vraie droite, c’est une chance à saisir, loin d’être purement théorique : il suffit d’écouter les cris d’orfraie de la gauche en panique !
Mais si la droite française veut rester crédible, gagner les élections, enfin gouverner le pays, elle doit d’abord s’entendre, et dégager les hauts-reliefs d’un programme commun ; car en dépit de leurs fausses oppositions, inhérentes au jeu démocratique, Marine Le Pen, Éric Zemmour et François-Xavier Bellamy sont d’accord sur l’essentiel, c’est-à-dire sur tout.
Tous les trois se disent nationalistes, conservateurs et républicains. Leur priorité commune réside dans la sauvegarde de l’identité nationale ; pour cela, ils veulent chacun limiter l’immigration et favoriser l’assimilation plutôt que l’intégration.
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Sur l’immigration, ils se trouvent en accord avec la majorité du peuple français, qui d’une part en fait constamment l’une de ses préoccupations majeures, et d’autre part la juge largement déraisonnable. Par conséquent, ni Reconquête, ni Les Républicains, ni le Rassemblement national ne seront défavorables au moins à une augmentation des forces de la police aux frontières, à une réduction drastique des aides sociales accordées aux étrangers, à un durcissement du droit des migrants en matière d’asile et d’OQTF, ainsi qu’à une limitation du droit au regroupement familial.
Quant à la politique d’assimilation, les outrances, les accointances douteuses de La France Insoumise avec l’islamisme radical devraient paradoxalement favoriser sa mise en œuvre commune. De fait, aux yeux d’une certaine gauche, défendre la laïcité, et surtout nos vieilles valeurs humanistes et libérales, c’est être islamophobe et se faire le complice de l’extrême-droite : qu’à cela ne tienne ! Que la droite et l’extrême-droite soient donc complices et gouvernent en limitant au maximum la propagande islamiste contraire à nos principes historiques, par la fin des financements directs ou indirects de ces idéologies, la dissolution des organisations et lieux de culte les promouvant, ou l’interdiction des tenues islamistes dans l’espace public.
Laïcité, école : les partis de droite d’accord
Le propre d’une politique conservatrice, c’est également de croire en la nécessité d’une verticalité mesurée mais efficiente, favorisant à la fois la sécurité publique et la promotion des élites. Sur ce sujet, nos droites sont de nouveau d’accord : elles partagent les idées d’une présomption de légitime défense des policiers, de l’instauration de peines planchers, puis de l’impératif d’une réforme du code de procédure pénale devant rendre la justice plus rapide et plus ferme. L’École aussi gagnerait à une réforme ambitieuse née de l’alliance des droites : car elles soutiennent unanimement – en harmonie avec l’écrasante majorité du peuple – l’urgence d’un recentrage sur les savoirs fondamentaux, ainsi que le rétablissement de la discipline et de l’autorité. Les classes de niveaux, timidement tentées par Gabriel Attal ministre de l’Éducation nationale, avaient été accueillies très favorablement par le vaste camp des conservateurs ; il faudrait aller plus loin et supprimer le collège unique, imposer le port de l’uniforme, responsabiliser les familles des absentéistes et perturbateurs par la suspension des allocations, rendre plus sélectifs les examens, et d’une manière générale, revenir aux anciennes méthodes pédagogiques (le cours magistral et l’apprentissage par cœur) qui de tous temps ont fait leur preuve.
Je pourrai continuer encore longtemps, évoquant tour à tour les familles, les charges sur les entreprises, la confiscation de la vraie démocratie par les juges et les conseillers, mais je m’arrêterai là ; car les électeurs de M. Bardella, de Mme Maréchal et de M. Bellamy n’auront nul besoin d’une longue argumentation, pour tomber d’accord et sur les constats, et sur les solutions.
En 2022, la Nupes avait permis à la gauche de faire un carton plein à l’Assemblée. Éric Zemmour a proposé aux droites de s’unir : c’est l’heure. Qu’attendent-elles ?
Elisabeth Lévy : « Les électeurs de droite sont prêts à l’union »
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