André Versaille publie en ce moment un feuilleton sur le site du Monde, intitulé : « Les musulmans ne sont pas des bébés phoques »
Edwy Plenel parle des musulmans comme d’une masse compacte composée de victimes indistinctes qu’il est urgent de protéger comme une espèce zoologique menacée. On a le sentiment d’entendre Brigitte Bardot parler des bébés phoques…
Mais voilà quelques années maintenant que des musulmans, et non des moindres, sont entrés en résistance. Doués de la lucidité et du courage qui manque si souvent à certains « progressistes », ils parlent. Ils s’appellent Hélé Béji, Ghaleb Bencheikh, Fehti Benslama, Abdenour Bidar, Kamel Daoud, le regretté Abdelwahhab Meddeb, Moustapha Safouan, Boualem Sansal, et bien d’autres. Ils ne forment pas un groupe, chacun parle pour lui-même, et sans doute ne sont-ils pas d’accord sur tout. Mais ils se rejoignent sur l’essentiel : la lutte contre la barbarie islamiste au péril de leur vie. Ils montrent bien plus d’indépendance d’esprit que beaucoup de donneurs de leçons. Aucun de ces noms ne figure pourtant dans Pour les musulmans, le livre d’Edwy Plenel. Pourquoi cette superbe ignorance ? Pourquoi, au lieu d’être abstraitement « pour les musulmans », ne prenons-nous pas la peine de relayer la parole des plus braves ? Pourquoi, à l’instar d’Edwy Plenel, tant d’entre nous détournent-ils les yeux de ces textes de résistance ? Ah, cette panique à l’idée d’être tenu pour islamophobe, comme elle nous ficelle…
« Ne pas laisser les musulmans à leur solitude… »
« Mon livre n’est pas un livre d’enquête sur les musulmans, déclare Plenel à Léa Salamé. C’est un livre sur nous-mêmes. Il pourrait s’appeler “Pour la France” ; il pourrait s’appeler “Pour les minorités” ». En clair, les musulmans ne sont pas le sujet de son opus, à peine en sont-ils l’objet. Et c’est précisément là que réside le problème de ce livre. On peut comprendre que par manque de temps, de capacité, par paresse même, un journaliste ne prend pas la peine de faire lui-même une enquête sur la situation de ces musulmans auxquels il a pourtant décidé de consacrer un ouvrage. Mais, au lieu de nous faire un sermon, ne pouvait-il pas au moins s’intéresser d’un peu plus près aux sujets auxquels il voue son livre ? Après tout, il existe une abondante bibliothèque dédiée à l’islam, aux musulmans et à leurs conditions. Mais non. Pour les musulmans ! Abstraitement ! Et en bloc !
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Lors du même entretien, à la question de Léa Salamé : « Pour la première fois les principaux courants de l’islam de France ont signé un texte commun qui condamne les exactions commises par l’État islamique en Irak. Est-ce qu’il n’est pas là, finalement le vrai problème, dans l’absence d’une voix forte qui représente, qui rassemble, qui incarne les musulmans de France ? », Edwy Plenel répond : « Je pense que c’est d’abord nous. […] Excusez-moi, de quoi parle-t-on ? On parle d’ouvriers. C’est quoi les musulmans de France ? Où est-ce qu’ils sont ? Ils fabriquent nos automobiles. Ils construisent nos routes. C’est là qu’ils sont. Ils ne sont pas dans les classes supérieures. »
» Les dirigeants français ont parfois un… par franceinter
Le journaliste est-il à ce point ignorant de la situation socio-économique des musulmans « de » ou « en » France qu’il n’imagine même pas que ces derniers soient capables d’être autre chose que des ouvriers ? Le fait que la « communauté » musulmane soit variée, et traversée de courants divers et même contradictoires selon les pays d’origine, l’évolution des familles arrivées en Europe, les classes sociales, semble lui échapper complètement. Paternaliste, Plenel, qui se considère fondé à parler en lieu et place des musulmans, les enferme tous dans la même situation misérable socio-ethnico-religieuse dessinée selon sa vision orientaliste. Vous avez dit « padamalgam » ?
Terminant son émission, Léa Salamé fait remarquer à son invité qu’il n’a pas répondu à sa question, à savoir s’il fallait une voix forte musulmane. Plenel répond : « Ce n’est pas la question, pour moi. La question c’est qu’il faut d’abord une voix forte pour être dans la solidarité, ne pas laisser les musulmans à leur solitude… »
Eh oui, il ne faut rien demander aux musulmans. Ne les mêlons surtout pas à ça ! « Tout pour les musulmans, rien par les musulmans », telle semble être la devise du patron de Mediapart, inspirée du « Tout pour le peuple, rien par le peuple » des despotes mal éclairés…
Retrouvez André Versaille sur son blog, Les musulmans ne sont pas des bébés phoques
Pour les musulmans: Précédé de Leurs passions tristes, nos causes communes
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