Pour « faciliter et sécuriser l’adoption », un texte soutenu par le gouvernement entend faciliter l’adoption des enfants délaissés, élargir les droits des parents à l’adoption et mettre fin aux « discriminations relatives aux règles d’union ou à l’homoparentalité ». En macronie, la famille est une structure traditionnelle désuète qui entrave plus qu’elle ne facilite le projet progressiste de transformation de la société. Une tribune d’Alexandra Molet, directrice de la communication du Millénaire.
Comme pour le projet de loi sur la bioéthique, le gouvernement a décidé de mener en catimini une réforme de l’adoption. La famille, socle fondamental de notre société, est pourtant notre premier atout pour lutter contre les multiples crises que traverse notre pays.
L’envol de la philosophie progressiste
La réforme de l’adoption était présentée pour adapter le droit aux changements de société, notamment en simplifiant l’adoption dans les cas de PMA et de GPA. Les politiques familiales ne sont ainsi plus mises en place dans l’intérêt premier de la protection de la cellule familiale mais répondent à du clientélisme politique. Ce gouvernement donne la priorité aux désirs de minorités, qui pensent représenter la voix majoritaire du pays. Ce raisonnement ne peut qu’alimenter notre crise sociétale en plaçant l’individu au-dessus du modèle familial.
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La question des désirs justifiés par des droits est dangereuse pour notre structure sociale. En déconstruisant notre modèle familial, les deux derniers gouvernements ont ébranlé les rapports entre individus. Si le respect et l’obéissance n’existent plus dans les familles, ils ne peuvent exister dans la société.
La crise économique de 2008 a été d’une violence terrible mais celle qui devrait suivre cette pandémie ne s’annonce pas mieux. La famille aura donc tout son rôle à jouer
La gestion de la crise sanitaire est révélatrice de ce cheminement. En pleine pandémie du coronavirus, le professeur Salomon, président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP, préconisait de couper « la bûche de Noël en deux et papy et mamie mangent dans la cuisine et nous dans la salle à manger ». Le développement du Covid-19 a pourtant redonné une place aux liens familiaux dans les foyers français, chacun s’inquiétant pour ses proches.
La famille: un rempart contre les crises
La structure familiale est attaquée par la montée de l’individualisme. Pourtant, l’individu en détresse se tourne automatiquement vers quelqu’un pour le secourir. Sa famille, son lien le plus proche et le plus ancien, est alors le premier recours.
Dans les temps de crise, la famille demeure un véritable rempart social. Nicole Lapierre, socio-anthropologue, expliquait déjà en 2016[tooltips content= »Enquête TNS Sofres-Carac « Argent et entraide familiale : une réalité quotidienne entre les générations », présentée lors d’une conférence le 7 avril 2016 à Paris »](1)[/tooltips], que « dans [un] contexte morose, la famille est plus que jamais considérée comme un refuge, un pilier sur lequel se reposer en cas de difficultés. Elle joue le rôle d’amortisseur de crise » économique mais aussi, comme nous le voyons aujourd’hui sanitaire. Par l’entraide matérielle, financière ou morale, les liens familiaux représentent un besoin. Cette résistance se manifeste également dans le domaine économique et entrepreneurial puisque différentes études montrent que le modèle des entreprises familiales est celui qui réussit le mieux à traverser les crises. Les systèmes économiques sont incités à s’inspirer des valeurs des entreprises familiales pour l’après-covid. La recherche de la pérennité, le respect des générations, la focalisation sur les relations sociales, sont au cœur des réussites.
La crise économique de 2008 a été d’une violence terrible mais celle qui devrait suivre cette pandémie ne s’annonce pas mieux. La famille aura donc tout son rôle à jouer. Il serait temps de replacer notre modèle familial civilisationnel au cœur des réflexions alors que, longtemps monopolisées par les socialistes, les politiques familiales ne servent plus l’intérêt national.
Préserver une structure familiale unie
La mise en place d’une politique familiale uniforme en France est complexe, de par les situations très disparates. En 2016, les familles monoparentales présentes dans notre pays étaient bien supérieures à la moyenne européenne alors qu’en même temps nous sommes le 6e pays européen avec la plus forte proportion de familles nombreuses (trois enfants et plus)[tooltips content= »Enquête CGET « La géographie des ménages » publiée en 2019″](2)[/tooltips]. Il est donc impossible d’appliquer des mesures nationales et notre société se déchire.
Au lieu d’unir la France, les politiques successives de François Hollande et d’Emmanuel Macron se sont toutes les deux inscrites dans une logique progressiste divisant chaque jour un peu plus. Cette déconstruction de la famille s’inscrit dans une volonté de brouiller les valeurs et les repères traditionnels.
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Le modèle familial que nous choisissons définit la société que nous voulons. En transformant la famille, Macron tente de pérenniser un modèle progressiste. Renforcer le modèle uniparental, lorsque cette situation est choisie, c’est renforcer l’individualisme de notre société. Même si le modèle de la famille « nucléaire » est encore majoritaire en France, il est mis en danger par des logiques progressistes exacerbées. Accepter l’évolution de notre société ne veut pas dire que nous devons faire de toutes les exceptions des généralités. Ce n’est qu’en préservant la famille que nous réussirons à sortir de cette crise où individualisme, violence et sauvagerie sont rois.
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