Stupeur et tremblements. L’indignation s’est trouvé un nouveau terrain de jeu : le porno volailler. Non que ces pauvres bestioles élevées en batterie subissent les pires outrages sous la caméra de John B. Root. Il se trouve tout bêtement qu’une société de production de X amateur sur le Net a jeté son dévolu sur le village de Loué, connu pour ses poulets élevés au grand air, nous dit-on – je n’ai pas vérifié. La vedette de ladite vidéo licencieuse passe devant le panneau indicateur du bourg, se présentant de surcroît comme une fille d’éleveur aussi sémillante que décomplexée.
Il n’en fallait pas plus pour choquer les professionnels du choquage, effrayer les ligues de vertu que cachaient les syndicats agricoles sarthois. Comble du scandale, le film aurait été tourné en plein jour au vu et au su des autochtones. Devant pareille infamie, Ouest-France s’insurge : « À ce jour, aucune plainte n’a été déposée. Car il n’y a pas de victimes connues. Mais tourner un film porno en plein jour, sur la voie publique, c’est interdit. Quels recours pour ceux qui se sentent salis par ces images complètement incongrues ? La commune, les volaillers, les Louésiens… » Et le parquet du Mans de répondre à l’émotion pudibonde : « Si des personnes ont bien été témoins des scènes, potentiellement, la qualification d’exhibition sexuelle peut être retenue. »
Ben voyons… Si votre pudeur naturelle ne souffre aucun spectacle grivois, détournez la tête de ces sites que vous ne sauriez voir. Que je sache, les artisans de l’osier n’ont pas accusé Sylvia Kristel d’avoir dégradé l’image de leurs fauteuils, pas plus que Relais & Châteaux n’a assigné Tabatha Cash en justice après ses impudiques Visiteuses, tournées dans un magnifique manoir.
Si 2013 consacra le droit au mariage bourgeois pour tous, 2014 est bien partie pour devenir l’année des chaisières.
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