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Relation sexuelle à 11 ans: derrière les apparences, la Justice


Relation sexuelle à 11 ans: derrière les apparences, la Justice
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De nouveaux éléments laissent penser que le tribunal de Pontoise avait ses raisons pour ne pas ouvrir une procédure pour « viol ». N’en déplaise à ceux qui l’ont lynché.


L’affaire dite « du viol de Pontoise » a provoqué un emballement médiatique dans la presse et sur les réseaux qui en dit long, une fois de plus, sur la facilité qu’il y a, hélas, à chauffer l’opinion publique sur les sujets délicats et à la fourvoyer. Cette fois-ci, c’était celui de la pédophilie. L’information d’abord donnée par Médiapart était celle-ci : « un homme de 28 ans a violé une petite fille de 11 ans et le procureur de Pontoise a refusé d’ouvrir une procédure pour viol, se contentant de poursuivre le pédophile pour abus sexuels. Considérant que la petite fille de 11 ans avait donné son consentement ».

Détournement majeur

Il y avait deux façons de réagir à une présentation aussi effarante et surtout incroyable. Tout d’abord, être choqué mais essayer de garder son calme, en tentant de comprendre ce qu’il s’était passé. Je l’ai dit dans ces colonnes : c’est ce que j’ai fait et j’ai été m’informer, interloqué de l’accusation portée contre le parquet de Pontoise, taxé de laxisme et de complaisance envers la pédophilie. J’avais eu le même réflexe dans l’affaire Sauvage à cause de la discordance qu’il y avait entre le roman que nous servaient certains lobbies féministes et ce que disaient la procédure pénale et ses résultats. J’ai pu constater que, cette fois encore, la présentation qui nous était faite était un mensonge éhonté.

Il y en avait une deuxième qui consistait à rejoindre la meute hurlante toute à un lynchage médiatique visant d’ailleurs moins le prévenu que « le procureur », immédiatement couvert d’épithètes plus insultantes les unes que les autres. Dans la presse et chez beaucoup de commentateurs, dont certains étaient pourtant des professionnels, excitation panurgique, suffisance et conformisme ont alimenté une unanimité inquiétante. Parce que révélatrice d’une capacité à céder à la pression et d’une inculture judiciaire liberticide.

Le correspondant du journal israélien Haaretz a-t-il été surpris de l’emballement ? En tout cas, il a fait son métier aux meilleures sources et sa surprise semble s’être transformée en stupéfaction. Il a manifestement eu accès au dossier.

Dov Alfon a publié un article vendredi matin dans Haaretz. M’étant engagé à la confidentialité dans le recueil des informations pour mon propre article, j’avais utilisé, c’est vrai, une forme d’argument d’autorité. Ce que je pensais pouvoir faire compte tenu de mes compétences professionnelles et des positions que j’ai toujours défendues.

Par conséquent, pour respecter cet engagement, j’ai repris l’article de Haaretz, et utilisé la traduction Google dont je n’ai rien changé et même gardé les fautes…

La caverne d’Haaretz

Ce que je peux dire c’est que l’article ne relève que certains des aspects vraiment problématiques du dossier. Malheureusement, cette affaire est peut-être encore plus laide, même très laide. Mais pas comme on le pensait au départ et comme nous l’avait servie Mediapart et tous ceux qui se sont contentés de le relayer paresseusement.

Extraits :

«Les raisons de la prudence de la poursuite en l’espèce sont nombreuses. La jeune fille est venue en France avec sa mère il y a quatre ans, et le premier médecin qui l’a examinée a déclaré qu’elle devait être plus âgée que son âge déclaré d’au moins trois ans. Les immigrants ont tendance à réduire l’âge de leurs enfants pour obtenir une assurance nationale pendant plusieurs années et le médecin de police qui a examiné l’enfant après avoir déposé la plainte note dans le rapport médical que la fille est « au moins 14, peut-être même 16. » La question de savoir si l’âge d’une fille est faux est pertinente pour une question de procédure à laquelle la défense est fondée: la loi interdit le comportement sexuel de la victime avant le viol, à moins qu’il ne soit prouvé que la victime a menti à des faits fondamentaux non contestés – par exemple, le nom et l’âge. Dans ce cas, la défense est armée de photographies nues du mineur, que sa mère a apparemment envoyé à beaucoup d’hommes. La mère est interrogée par les autorités, et le ministère de la Justice dit que le procureur a agi conformément aux instructions et en faveur de l’affaire. «Le monde du droit est devenu plus complexe et le monde des médias est devenu plus simple», se plaignent le ministère français de la Justice.»

J’ajouterai seulement, que les différents médecins consultés successivement (au nombre de trois semble-t-il) n’ont constaté, quelques jours après les faits, aucune séquelle traumatique, et ont refusé de délivrer une Incapacité temporaire totale (ITT). Ce qui rend très aléatoire la thèse de la sidération de la jeune fille au moment des faits.

Lyncher la Justice, un nouveau sport national

L’incendie n’était donc pas justifié et le lynchage des magistrats et de la justice non plus. Parce qu’ils ont respecté la loi, je l’ai déjà dit, fait preuve de doigté et ont toujours eu présent à l’esprit l’intérêt de la jeune fille. Ne pas vouloir lui imposer, compte tenu des circonstances, l’épreuve d’une instruction et d’un procès criminel était le plus sûr moyen d’essayer de la préserver. Ceux qui ont lancé les mensonges et les ont relayés se moquent de cet intérêt comme d’une guigne. Cette triste cohorte va trouver le moyen de retomber sur ses pieds, de dire que c’était une bonne cause, qu’elle n’avait présente à l’esprit que la protection de l’enfance. Tonner contre les évidences. Inventer des complots. C’est toujours comme ça. Pour eux, la protection de l’enfance, c’est prendre la pose, donner des leçons, exciter les passions et au passage fouler aux pieds les principes qui pourtant nous protègent tous. Pour avoir défendu mes positions, j’ai été traité de souteneur, de complice, de pédophile moi-même et pour faire bonne mesure de sataniste ! Pour avoir cité Haaretz, je m’attends donc à être qualifié de sioniste, agent du Mossad et du complot juif mondial.

Vendredi, le Dauphiné Libéré a publié un article qui en dit long sur le climat dans lequel nous vivons. Un autre avocat a été insulté et menacé pour avoir fait courageusement son boulot. Il a répondu comme il fallait aux lyncheurs, mais comment accepter d’en être arrivé là ? Un tel niveau de dévoiement permanent des valeurs et des principes qui devraient organiser une société civilisée.

J’espère de tout mon cœur que la jeune fille ne va pas sortir broyée de cette épreuve. Peut-être victime d’un prédateur mais aussi et surtout de ses faux amis. On verra, et c’est aussi la mission de ceux qui, en notre nom, ont le devoir de traiter cette affaire.

Et je préfère vraiment que ce soit eux.




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