Le but des revendications actuelles concernant la « condition noire » n’est pas une demande de justice, mais un processus d’affirmation politique de forces anti-Etats, processus dans lequel les noirs sont manipulés.
Le génial David Galula, lorsqu’il décrit, dans son maître ouvrage « Contre-insurrection, théorie et pratique », la guerre insurrectionnelle et contre-insurrectionnelle (ce que l’on appelle un conflit « asymétrique », du faible au fort), nous enseigne avant tout que l’essentiel de la guerre, avant d’être militaire, est politique et symbolique. Il montre que, pour gagner une guerre, le plus important pour l’insurgé n’est pas de battre son ennemi militairement, mais de le « dévitaliser », de lui voler son pouvoir symbolique, en montrant que c’est lui-même, le « faible », qui porte, plus que le « fort », la légitimité, parce que le fort est incapable d’assumer son « contrat de confiance » vis-à-vis du peuple, à savoir, contre la remise entre ses mains du monopole de l’usage de la force, l’utilisation de cette même force pour sa mission de protection, par l’ordre et la justice à l’intérieur et la défense des frontières à l’extérieur. C’est ce que l’on appelle les « missions régaliennes de l’Etat », ce que Raymond Aron résumait par la formule « En paix à l’intérieur, respecté à l’extérieur ». Et ces missions sont « garanties » par ce que l’Etat montre symboliquement de sa propre puissance.
De fait, en politique, tout n’est que symbole : les gigantesques murailles et les jardins de Babylone, bâties pour impressionner les arrivants, les pyramides d’Egypte, les innombrables constructions romaines, la Cité Interdite et le Palais Topkapi, le faste des cours royales, avec les rois lointains et pleins de mystère, les armées défilant, avec armes, chevaux, uniformes rutilants et drapeaux, avec les chefs à leur tête, sous les Arcs de Triomphe, les châteaux forts, les grandes villes avec leurs artères, leurs monuments et leur « Grand Place », les procès retentissants et les exécutions, avec un maximum d’horreur et de « faste », des ennemis et des opposants politiques, la brutalité des répressions. De même, la Tour de Londres, le Camp du Drap d’Or, le château de Chambord, puis celui de Versailles. Plus près de nous, les traités de 1919 dans le faste de la Galerie des Glaces, la bombe d’Hiroshima, le grand procès de Nuremberg de 1945/46, les défilés militaires sur la Place Rouge ou les Champs Elysées, avec les avions et les chars, les grands discours, le mausolée de Mao et son portrait sur la Place Tien An Men, le drapeau américain déposé sur la lune, le 21 Juillet 69, ou pour la France, la bombe atomique, le Concorde, et aujourd’hui le porte-avion Charles-de-Gaulle. Tout est fait pour impressionner, dedans et dehors, et pour affirmer la puissance, garantie de « la paix à l’intérieur, le respect à l’extérieur ».
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A l’inverse, tout doit être bon pour un pouvoir contraire, qu’il soit ou non insurrectionnel, pour montrer, par le symbole également, que le pouvoir en place n’est qu’un « tigre de papier », faible, incapable d’assumer ses missions : au minimum, critiques ou libelles, railleries, présentation ridicule des dirigeants par la caricature, les « Guignols » ou autre « Muppet show », au pire murailles détruites ou villes rasées, populations déportées, rois ou chefs humiliés ou exécutés en public. Ainsi, il s’agira de mettre en scène la honte du pouvoir en place, et la fierté des opposants. Le but, toujours le même, est de montrer que c’est ce futur pouvoir qui assumera, avec sa puissance émergente, l’ordre, la justice et la protection pour le peuple, à la place de l’ancien, celui qui a failli. La prise de la Bastille, qui ne représentait aucun objectif militaire, tout comme l’obligation faite à Louis XVI de porter au balcon des Tuileries, à la place de sa couronne, le bonnet phrygien (au point de faire dire au jeune Bonaparte, spectateur parmi la foule, « que coglione ! », quel couillon…), étaient de cet ordre, tout comme, plus tard, la bataille symboliquement décisive de Diên Biên Phu, ou même l’attaque spectaculaire des Tours Jumelles de Manhattan. En effet, s’il n’y a plus de symboles, ou plutôt si les symboles sont détruits, il n’y a plus de pouvoir, et c’est celui qui a détruit les symboles qui a pris le pouvoir.
Du mariage homosexuel à la quête antiraciste, des combats par le symbole
On peut aussi classer dans cette catégorie l’obtention, par les lobbies homosexuels progressistes, du « Mariage pour tous ». En effet, il est douteux que les personnes homosexuelles, dans leur grande majorité, aient souhaité se marier, alors même que cette institution était perçue dès cette époque comme pratiquement inutile et obsolète, sauf pour quelques « traditionnels ». Par contre, le fait, pour des personnes qui n’en avaient certainement pour la plupart pas envie, d’en obtenir quand même le droit, quitte à ne pas l’exercer, était une grande victoire symbolique, parce que cela permettait de ridiculiser et d’abattre encore un peu plus une institution qui restait, malgré tout, symboliquement, une citadelle de la tradition et du conservatisme. Cela permettait ainsi d’affirmer, à l’inverse, la « fierté » et la puissance du lobby homosexuel et du progressisme sur l’ensemble de la société. Ce n’était pas une question de justice, mais une affirmation de pouvoir.
Ils ne veulent pas la disparition complète des Etats, mais leur asservissement consentant à leurs causes, leurs idéologies et leurs intérêts.
De même, on peut affirmer qu’aujourd’hui, l’injonction forte faite aux « blancs » de se mettre à genoux symboliquement, sous le prétexte d’un hommage rendu à Georges Floyd, devant la « condition noire », pour « demander pardon » pour de prétendus « crimes passés », ou bien la demande instante de modification des textes historiques, ou la pression faite sur les marques, ou bien les tentatives de vandalisme et de destruction des statues, n’ont rien à voir avec une véritable demande de justice. Si cela avait été le cas, c’est un processus de mémoire, pacifique, qui aurait été nécessaire. On aurait créé des commissions d’experts et d’historiens, à qui on aurait demandé de « revisiter » le passé, et d’en tirer des conclusions solides concernant les responsabilités des uns et des autres. De telles commissions auraient montré, d’ailleurs, que la démarche n’est pas si simple, et surtout qu’il n’y a jamais des victimes d’un côté et des bourreaux de l’autre, mais que chacun est en général, victime à un moment et bourreau à un autre, quand ce n’est pas les deux à la fois et en même temps…
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Ce n’est pas un processus pacifique de justice qui est ici demandé. C’est une guerre insurrectionnelle, telle que décrite par Galula, qui est menée. Ce qu’il s’agit de détruire, ce sont les instruments symboliques des pouvoirs en place : la police, les grands hommes, le récit historique, les frontières, la paix civile interne, le langage même. Ce qu’il s’agit de montrer, c’est leurs hésitations, leurs reculs, leur incompétence, leur humiliation, leur faiblesse et leur honte. Il faut leur faire perdre la face, et partant la guerre symbolique. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ces pouvoirs, en tout cas en France, ne résistent pas beaucoup.
Ceux qui tirent les ficelles de cette affaire ne se cachent pas. Ce sont les forces progressistes et de marché, ceux qui ont intérêt, sinon à abattre, du moins à affaiblir plus encore les Etats traditionnels, derniers bastions susceptibles de règlementer, si peu que ce soit, le commerce et la finance totalitaires, (dans un processus si bien décrit par Jean-Luc Gréau dans « Le secret néolibéral »), et de s’opposer à la mondialisation progressiste galopante. Ce n’est pas un hasard si tous les patrons des GAFAM, et les grands groupes mondiaux, ont pris fait et cause pour les « insurgés ». Ils ne veulent pas la disparition complète des Etats, dont les structures leur restent malgré tout utiles, pour maintenir une apparence d’ordre et de justice, mais leur asservissement consentant à leurs causes, leurs idéologies et leurs intérêts. Les « noirs », dans ce processus, ne sont qu’un prétexte. Ils sont parfaitement manipulés. Ne nous trompons ni d’analyse, ni de combat !
David Galula et la théorie de la contre-insurrection
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