Flic, franchement, c’est difficile.
Qu’un peuple qui a cru intelligent de garder comme symbole le coq hérité des Gaulois vous traite de « poulet », passe encore. Entre volatiles…
Qu’un gouvernement qui vous paie mal vous enjoigne de réprimer des gens tout aussi mal payés que vous et qui l’admettent mal, bon, c’est le job. Pas drôle, mais c’est le job.
Que des truands ou des islamistes vous prennent pour cibles, quand vous savez que les gilets dont vous disposez n’arrêtent rien au-delà du calibre 7,65 — et certainement pas des balles de kalachnikov, il y a de quoi la trouver saumâtre.
Vous êtes membre de la BAC, en première ligne dans les « quartiers » — et ailleurs, parce que la criminalité n’a pas de frontières, et voici ce que vous lisez tous les jours[1. Photos Jean-Paul Brighelli, tous droits réservés.] :
Ajoutez qu’une basse vengeance a récemment permis de mettre vos noms et adresses sur le Net, afin d’offrir plus d’opportunités à tous ceux qui veulent vous féliciter à domicile, et vous aurez un panorama presque complet.
Et bientôt il va leur falloir en plus réprimer les émeutes que les services de renseignement voient venir à l’horizon 2017, quand le résultat des élections ne satisfera personne. Et à ce moment-là, qui sait de quel côté ils seront ? Quand l’exaspération s’ajoute à la fatigue…
Des poulets qui font un métier de chien — on dirait une fable, mais ça ne les fait pas rire.
En attendant, depuis hier, il n’est plus possible de siroter une orange pressée dans un verre normal à Marseille. Depuis deux jours, en prévision de l’arrivée des Polonais et des Portugais, le préfet de police ne permet plus que des gobelets plastique, dont les dépouilles traînaient harmonieusement sur le Quai de Rive-Neuve ce matin. Il plane sur la ville une atmosphère étrange — et les CRS reprendront tout à l’heure leur marche machinale autour du Cours d’Estienne d’Orves. C’est bon pour la santé, la marche. Et il ne fait pas trop chaud ce matin — heureux veinards ! Quand je pense qu’il y en a pour les plaindre ! Pff !
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