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Toussaint rouge: un anniversaire sous le sceau de la haine

Le grand recteur de la mosquée de Paris se réjouit du 1er novembre et notre contributeur est victime de messages outrageants sur X


Toussaint rouge: un anniversaire sous le sceau de la haine
Drapeau de l'Algérie. DR.

Le 1er novembre est le jour de la Toussaint. Comme son nom l’indique, la fête est consacrée aux saints. Non seulement ceux dont l’identité et la vie furent connues de tous, mais aussi les saints « inconnus », foule d’anonymes qui un jour ont accompli des miracles pour les autres. Ce 1er novembre 2024 était aussi la date du soixante-dixième anniversaire de la « Toussaint rouge », jour où le Front de libération nationale (FLN) s’est fait connaitre pour la première fois en commettant soixante-dix attentats sur le sol algérien. Cette journée de sang est célébrée en Algérie. Elle l’est aussi… en France ou par des gens exerçant d’importantes fonctions dans l’hexagone. Ce fut ainsi le cas pour Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris depuis le 11 janvier 2020 et membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Il a posté sur le réseau social X / Twitter un message explicite depuis l’Algérie où il séjournait pour les vacances : « Le 1er novembre 2024, à minuit la célébration du déclenchement de la guerre d’Algérie commence. Quelle émotion ! »

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Un peu de décence !

Les lecteurs de Causeur l’ignorent mais je suis moi-même fils d’un pupille de la nation. Mon grand-père paternel est décédé en Algérie à l’âge de 27 ans en 1959. Ingénieur agronome de profession, il était appelé du contingent et élève officier à l’école d’infanterie militaire de Cherchell. Il était d’ailleurs issu de la promotion baptisée « Sous-lieutenant Yves Allaire », la même que celle de François d’Orléans qui a aussi perdu la vie dans le conflit. J’ai donc, en conséquence, répondu au « recteur » sur Twitter, l’invitant à faire preuve de décence en évitant le registre de la joie pour « fêter » le début d’une guerre qui a coûté la vie à des dizaines de milliers d’Algériens, de Français dits « pieds-noirs », de Français de métropole appelés pour se battre loin de chez eux, de Harkis, mais aussi à des enfants et des femmes qui n’avaient absolument rien à voir avec ces horreurs.

Je croyais, sûrement naïvement, qu’un message aussi équilibré n’appellerait aucun commentaire particulier, et peut-être même des excuses de la part du « recteur » de la principale mosquée de l’hexagone, la plus ancienne aussi. Le contraire s’est produit. Vu plus de cinq-cents mille fois, ma très courte apostrophe m’a valu… des centaines de messages d’une haine et d’une violence à peine racontables, de la part d’Algériens mais aussi de personnes de nationalité française et d’origine algérienne. Le plus marquant fut celui d’un homme qui m’a rétorqué à propos de mon grand-père qu’il souhaitait que celui-ci reposa « en pièces ».

Enthousiasme macabre révoltant

À l’évocation d’attentats postérieurs, comme celui du Milk Bar, qui coûta la vie à des enfants Français d’Algérie, des messages réjouis et ironiques ont fleuri. Ils témoignent d’un inconscient meurtrier et génocidaire profondément ancré dans certains esprits. Comment peut-on côtoyer sur notre sol des gens qui s’enthousiasment à l’évocation de massacres ? Comment pourrait-on un jour vivre en paix sans une reconnaissance commune des horreurs du conflit ? Je ne reviens pas sur les faits historiques qui ont présidé au pourrissement de ce conflit. La France y a évidemment sa part de torts, mais le FLN a mis en place une guérilla terroriste et insurrectionnelle qui a explicitement ciblé les civils. C’est une réalité historique qui est occultée. De la même manière, les quelques 27 000 appelés tombés pour la France n’ont jamais eu droit à l’hommage qu’ils méritaient parce que les binationaux Franco-Algériens l’empêchent en prenant en otage l’histoire pour opérer un racket sur le pays qui les accueille aujourd’hui.

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Le plus terrifiant dans ce chantage mémoriel permanent est qu’il se double d’une haine sans commune mesure. Le mythe de la Guerre d’Algérie sert de ciment à un régime politique dont les méthodes rappellent celles de l’ex-URSS. Il s’agit d’un dérivatif. Afin d’éviter de faire le bilan des politiques à destination d’une jeunesse frappée par la pauvreté, l’Algérie désigne à la foule des boucs-émissaires et honore le souvenir des « martyrs ». La France, le Maroc ou les juifs sont ainsi alternativement brandis comme autant d’ennemis de l’ombre qui empêcheraient l’Algérie « non alignée » de pouvoir opérer sa transition vers une économie moderne. Et que dire d’un homme censé représenter les musulmans vivant en France et utilisant sa position pour défendre les intérêts d’un régime ? Célébrant le déclenchement d’une guerre qui arracha à l’existence des dizaines de milliers de Français dans des massacres d’une violence inouïe ? Il est temps de solder cette dette.

Je passe d’ailleurs sur le révisionnisme historique constant de nos contradicteurs qui osent affirmer que la France a commis un génocide en Algérie quand sa population autochtone a été multipliée par quatre entre notre arrivée et notre départ… Il n’est pas non plus inutile de rappeler que la défaite de la France ne fut pas militaire mais politique. La France a décidé d’arrêter le massacre. Les pieds-noirs ne pouvaient plus vivre dans un état de terrorisme permanent non plus. Tout cela a d’ailleurs fini par la signature des accords d’Evian qui offrent des facilités d’installation… aux Algériens désireux de vivre en France. Un système anachronique qu’il convient d’urgemment réviser.

https://twitter.com/Max_dz11/status/1852312309823091094


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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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