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PMA, une affaire de dingues

"A la louche, ça fait: 42 000. Ou 600 000. Voire 75 000. Les chiffres sont sans appel."


PMA, une affaire de dingues
Manifestants anti-PMA, le 6 octobre 2019, à Paris © ISA HARSIN/SIPA Numéro de reportage: 00926885_000070

Après s’être rendue à la manifestation contre la PMA pour toutes dimanche dernier, notre contributrice nous appelle à « arrêter de déconner » !


« Nous partîmes cinq cents mais par un prompt renfort nous nous vîmes trois mille en arrivant au port ». Mais ça, c’était avant. Et c’était du Corneille. Pour la manif de dimanche, ce fut : « Ils partirent 100 000 mais par un prompt renfort, ils se virent 500 en arrivant sur place. »

A la louche, ça fait: 42 000. Ou 600 000. Voire 75 000.

Les chiffres sont sans appel.

A lire aussi: Malgré le succès de leur manifestation, les anti-PMA n’osent plus y croire

Rencontre avec Jean-Frédéric Poisson

Tout avait bien commencé. Peu de retraités en laine Mérinos. Aucun EPHAD. Deux black-blocks vite maîtrisés. Deux poussettes. A peine arrivées devant le Jardin du Luxembourg que mon amie Caroline, avocate de son métier, après un coup d’œil sur la foule d’agités sur place, me lance : « Dingue ! Où ils sont, les drapeaux roses et bleus avec leur guirlande papa maman, le chien et moi ? » Je baisse les yeux sur mes drapeaux : un vert, un rouge. Caroline me dit : je me barre. Toujours le mot juste, Caroline. Bonne chance, je lui dis ! Dans mon carré, je piétine. Certains s’accrochent aux grilles pour demander : « A la louche, pour toi, c’est combien ? »  … « Ca dépend de la grandeur des tiers ! » lance un Marseillais. Jamais l’expression « bon enfant » ne convint aussi bien pour cette manif. Nous marchons. Je rencontre Jean-Frédéric Poisson et lui redis tout le bien que je pense de son dernier livre que je redis ici. Je lui pose la question de la louche. « Impossible de répondre, » me dit-il. En tout cas, il y a beaucoup de monde. Boulevard Raspail, le parcours est dévié, le cortège se dédouble: le comptage s’avère impossible. De toute manière, ça ne se fait plus, le comptage. Le comptage a été fatal à Valls qui a dû s’exiler à Barcelone. On échappe à la pluie. Place du 18 juin 40, le chiffre tombe : 600 000. Forêt de drapeaux agités par le vent du soir. On ne lâche rien ! On repart avec un petit travail d’écriture à envoyer à son député : l’article 7 de la Convention des droits de l’enfant recopié à la plume d’oie. Le soir, à la télé, c’est la louche écossaise: la fourchette, elle est entre 42 000 et 75 000.

A BFM, Madame Agnès Firmin Le Bodo, tout sourire, parle de l’insémination sans père comme des pastilles Valda. On attend, dans les jours qui viennent, l’annonce, dans la bouche de Madame Agnès Buzyn, de l’ouverture de dispensaires pour insémination en série, sur le modèle des opérations de la cataracte. Mais la perle sortit de la bouche de Madame Firmin Le Bodo: au lieu de regarder ce qui est dans la loi – la fabrication d’un enfant sans père – que ne regardons-nous ce qu’on n’a pas. Quoi donc ? On vous donne en mille à quoi on échappe: la PMA post mortem ! Comme le dit Madame Le Pourhiet nous en restons pour le moment à « la carte de sperme sans contact. »

Reductio ad homophobiam

On sait que ce procréatif marché a pu prospérer sur une idéologie, un enfumage : la reductio ad homophobiam et sur la passion française de l’égalité « Tous à la même hauteur, voilà le vrai bonheur » dit une chanson tirée de la Carmagnole.

La vérité, c’est que cette histoire de PMA c’est une affaire de dingues.

Et si on arrêtait, une bonne fois, de déconner ? Le verbe est du registre familier mais il est dans le Larousse.

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Marie-Hélène Verdier est agrégée de Lettres classiques et a enseigné au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Poète, écrivain et chroniqueuse, elle est l'auteur de l'essai "La guerre au français" publié au Cerf.

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