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PMA pour toutes: l’adieu au père


PMA pour toutes: l’adieu au père
Manif pour tous à Nantes, février 2013. SIPA. 00652057_000019
Manif pour tous à Nantes, février 2013. SIPA. 00652057_000019

La PMA pour tous à l’ordre du jour. La belle affaire. Dans la pure lignée du hollandisme, le « sociétal » enfume (déjà) le politique. Et le « sociétal », c’est le désir (daisir, daisir, vous dites daisir!) enfin libéré de la loi mais pas de la séduction électorale. Et pour cela rien de tel que d’édicter une loi qui rendrait caduque l’ancienne un peu trop rapidement indexée à celle du père, horrible et désuet phallocrate machiste. Exit le père donc, puisque pour la fécondation il suffit de quelques spermatozoïdes bien choisis. Les pères n’étant après tout, ou après coup, qu’une bande de donneurs de sperme.

La contingence de l’homme

Dont acte et vive la rêve-olution (ou ovulation si vous préférez),  c’est ce que le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a bien compris. Non seulement il propose « l’ouverture » de la PMA – qui était réservée aux couples hétérosexuels infertiles – aux lesbiennes en couple, mais à toute femme célibataire « pour pallier à une souffrance induite par une infécondité résultant d’orientations personnelles ». L’homme n’est décidément plus l’aiguille de la boussole de cette « orientation » qui, avec lui, exclut le père. CQFD !

Mais qu’est-ce que ce père, qui entraîne l’homme dans son sillage de désuétude, vient signifier, sinon sa vieille fonction de séparation et de fixation des limites qu’entérinait l’immémorial interdit de l’inceste? Rien d’autre que la levée fantasmatique de cet interdit socialement structurant, tant pour les couples que pour les enfants. Rien d’autre dans la levée de cet interdit que le retour idéalisé au premier état fusionnel du tout petit enfant avec sa mère. Étrange paradis dont Mélanie Klein, notamment, a théorisé toute la violence refoulée. Et les cliniciens savent par expérience combien la fixation à cet état fusionnel souvent liée à l’absence d’un père médiateur est cause pour les enfants de ravages tant psychiques que somatiques.

La dérive de l’Occident

Les soi-disant  « sages » du ronflant CCNE – nommés par un pouvoir déchu qui fut désespérément à la recherche d’ innovations « sociétales » pour colmater son vide politique et ses échecs économiques et sociaux – persistent à faire passer la vessie de la liberté du désir pour la lanterne d’une avancée culturelle. Que le professeur Jean-François Delfraissy, président du CCNE, tempère cet avis consultatif en affirmant qu’il n’est pas « gravé dans le marbre »  et que le Comité prévoit des « conférences citoyennes » sur ces sujets l’année prochaine, ne fait qu’accentuer l’errance de la pensée sur le désordre anthropologique de ses recommandations.

Rien n’est pris en compte de la portée profondément régressive de revendications d’une partie de la population très minoritaire pour laquelle névrose et égalitarisme se trouvent confondus. Rien quant au devenir des enfants bouche-trous nés hors-sexe et hors père d’une femme souverainement impuissante à combler la vacuité de son errance autrement que par cet artifice médical.

Et que penser d’une telle dérive de l’Occident,  frappé de cette illusion de toute- puissance alors qu’il se trouve au bord de l’effondrement de ses valeurs culturelles face au danger qui le menace.



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Marc Nacht est psychanalyste et écrivain

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