Le billet du vaurien
J’ai toujours été troublé par cette réflexion de Cioran : « Je me reproche de n’avoir pu m’empêcher de naître. » Je me le reproche aussi, tout en étant parfaitement conscient de l’absurdité de cet énoncé. Et cependant, il reflète l’énigme du sujet. C’est même la bonne formule du péché originel : n’avoir pas fait le nécessaire pour ne pas naître.
Je l’ai constaté à plus d’une reprise : quand Dieu vous donne un talent, il vous donne en même temps un fouet. Et ce fouet est uniquement destiné à l’auto-flagellation. Il n’y a pas d’écrivains heureux, à moins qu’ils ne soient médiocres.
