Ce qui agace, c’est qu’il semble toujours nous dire : « Je vous emmerde tous » ! Est-ce un rêveur ou un cynique ? À l’entendre, le patron de la CGT ne fait que traduire la colère des salariés, mais il tremble devant sa base – une infime minorité de grévistes !
On dirait qu’il revit.
De son bureau à Montreuil, le secrétaire général de la CGT (depuis février 2015) jouit d’une vue imprenable sur l’état délabré de la France auquel il contribue modestement. Devant la pénurie de carburant, tandis que les Français grognent et que Mélenchon s’égosille, Philippe Martinez, 61 ans, est resté calme, froid, buté – insensible à la panique bassement consumériste que ce petit désagrément provoque.
Comme il rumine, on croit qu’il pense – ou qu’il dort. Non, il remâche. Et il accuse. C’est un brutal avec, sous sa bonhomie apparente, cette note de méchanceté dont la politique fait spectacle et dont les vieux militants raffolent. Depuis le congrès de Tours, en 1920, c’est affaire de doctrine. On ne peut pas être à la fois gentil et intransigeant, hein !
Ni bêtement franc, ni franchement bête, cet ancien métallo n’est pas une belle âme, encore moins un intellectuel – il s’en vante. Il n’est pas si dogmatique : il préfère de loin les sensations aux idées. Encore aujourd’hui, il rougirait de désespérer Billancourt, ce serait renier sa jeunesse – un si vieux songe ! Entre la carotte et le bâton, il choisit… le gourdin, plus sûr et plus efficace par ces temps incertains.
On sait que cet ancien employé de Renault – technicien et non pas ouvrier, s’il vous plaît – a grandi
