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Le petit théâtre de Philippe Lacoche


Le petit théâtre de Philippe Lacoche
Le journaliste et écrivain Philippe Lacoche © Guillaume Clément

Dans Pourriture !, une pièce dans la lignée du théâtre de l’absurde, Lacoche flingue le macronisme dans un grand éclat de rire!


Philippe Lacoche, écrivain, journaliste, parolier, dramaturge – et j’en passe –  fait un peu partie de ma famille. En effet, il se dit réac de gauche, Hussard rouge, dans la lignée de Roger Vailland à qui il déclarait son amour dans un récit : Roger Vailland, drôle de vie, drôle de jeu en 2015 aux éditons La Thébaïde. Ce graphomane mélancolique tient aujourd’hui une délicieuse chronique au sein du Courrier Picard : « Les dessous chics », et continue de nous régaler de ses romans un peu à contre courant. Mais il existe aussi un Philippe Lacoche… dramaturge ! Il vient de sortir, aux éditions Les Soleils Bleus, Pourriture !, une courte pièce de théâtre complètement foutraque. 

Aller simple dans les années 50

Il faut du courage pour s’attaquer au théâtre en 2023, à l’heure où tout l’art dramaturgique depuis les Grecs est soumis à relectures woke. Justement, la pièce de Lacoche a pour vocation de dénoncer ce monde nouveau qui le désole, comme nous tous. « Pourriture ! est une charge contre la société ultra-libérale et contre les excès d’un féminisme extrême », lit-on en quatrième de couverture. C’est beaucoup plus que cela, à vrai dire. En effet, cet homme du XXe siècle qu’est resté Philippe Lacoche nous offre un aller simple dans les années 50 et son théâtre de l’absurde, et si l’on fouille bien, on y trouve même du Jarry et du Brecht. L’intrigue n’est pas forcément très importante ; nous en retenons surtout son absurdité et son inventivité tournoyante. Nous y côtoyons, pêle-mêle, un ancien nazi qui fait commerce de culottes de peaux et collectionne les prothèses de hanches, une pute aristo au grand cœur, sa camarade convertie au féminisme radical et la tenancière de bordel. Lacoche y déverse toutes ses obsessions à travers de charmants anachronismes : on y parle de deutschemark, de Mur de Berlin et d’URSS. 

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L’auteur fait cependant des clins d’œil qui ont pour vocation de se payer le macronisme à travers l’évocation du président Gutronc et son mouvement En course !  : « Tout cela c’est du passé, j’ai rejoint le mouvement En course ! Du président Gutronc, il faut bien être moderne, je suis un libéral, c’est vrai », fait-il dire à son ancien nazi-macroniste-fétichiste des prothèses de hanches (ce dernier détail déjà évoqué vaut à lui seul le lecture de la pièce !)

Simulacre

Tout ce beau monde se retrouve dans un simulacre de procès hilarant – la pute ayant volé une culotte de peau – d’où jaillit l’ombre du Brecht de l’Opéra de quat’sous. Philippe Lacoche n’est peut-être pas notre nouveau Brecht, mais la lecture de Pourriture ! donne envie de se téléporter au Théâtre de la Huchette en 1952.

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