De son enfance en Indochine, Philippe d’Hugues a gardé le souvenir heureux des colonies. Son indépendance d’esprit, il l’a forgée avec Alfred Sauvy et, à la tête de la Cinémathèque française puis du Palais de Tokyo, il a collectionné les amitiés du monde des arts et des lettres. Ses Mémoires intempestifs se lisent avec gourmandise.
Le Larousse donne d’« intempestif » la définition suivante: «Qui est fait à contretemps, se produit mal à propos, inconvenant. » Les synonymes sont déplacé, importun, indiscret ; et les contraires à propos, convenable, opportun.
Or, Philippe d’Hugues paraît tout à fait convenable et rien chez lui n’évoque un importun. Sa carrière ne signale pas une personnalité éruptive, et non plus une ambition insatisfaite : il a travaillé auprès d’Alfred Sauvy à l’Institut national d’études démographiques (INED), il a été administrateur de la Cinémathèque française et, enfin, administrateur général du Palais de Tokyo. Alors, intempestif ?

Il faut consulter l’étymologie, qui nous donne une clef latine : intempestivus, « hors de saison », c’est-à-dire hors de la mode. D’Hugues l’intempestif n’aura pas succombé au mal dominant, au virus très ancien d’une misère de l’esprit qui n’a pas fini de nous accabler : le conformisme.
Un colonial sans
