Philibert Humm, Thomas Clavel et Bruno Lafourcade, trublions dans une rentrée littéraire trop sérieuse pour être respectable
Je recule devant l’obstacle. Tant de livres s’élèvent sur ma route. Bourricot indiscipliné, canasson fainéant, critique passablement fatigué, je refuse de participer à cette rentrée littéraire. Comprenez-moi, je n’ai plus la force pour cette folle cavalcade de septembre qui démarre comme les comices agricoles de mon enfance, sous les hourras et les jarretières, et qui se termine la tête dans le bidet. Les vins de soif ont souvent des lendemains qui déchantent. Le jeu ne m’amuse plus. Les élus choisis par la caste du milieu paradent, soliloquent, ennuient, poussent leur avantage sans réelle conviction au micro des questions convenues.
Manège infernal
Ce manège infernal tourne à la torture mentale. On s’autocongratule, on se crée un personnage, on essaye maladroitement de mettre des mots sur une littérature asséchée, on se félicite d’être progressistes et du bon côté de la barrière, on fait semblant d’être investis d’une mission émancipatrice, en somme, on bluffe. Tous ces gens-là ont la trouille de ne pas vendre, de louper un prix d’automne, d’être déclassés, de perdre leur fonds de commerce et de ne plus être invités à la table des oracles. Ces craintes-là sont respectables. Les écrivains, précaires en puissance, obtiennent leur salut médiatique par la feinte, l’hyperbole,
