L’enfance pour adultes
« Kidulting » : ce mot-valise, composé des termes anglais « adulte » et « kid » (gosse), désigne une nouvelle tendance internationale qui voit des grandes personnes s’adonner à des activités normalement réservées aux enfants, tendance annoncée et disséquée par Philippe Muray.
Le signe annonceur des trottinettes
En 2016, Michel Onfray dénonçait l’infantilisation de l’homme moderne par la prolifération des trottinettes dans les villes. Le kidulting va beaucoup plus loin. Il représente un marché important que de nombreuses entreprises sont prêtes à exploiter en proposant des espaces où des êtres humains apparemment mûrs peuvent régresser jusqu’à la prime enfance.
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À Amsterdam, Wondr nous invite à plonger dans une « piscine géante remplie de chamallows » ou à prendre une « douche de confettis ». Au Royaume-Uni et en Espagne, Dopamine Land nous permet de batifoler dans un bassin rempli de boules plastiques, de déguster du pop-corn à l’intérieur de ce qui ressemble à une machine à pop-corn géante ou de participer à des batailles de polochons. C’est pour toute la famille, mais il y a des soirées spéciales adultes. Des expériences similaires, décrites comme « immersives », sont proposées par Bubble Planet, établi en Amérique du Nord, ainsi qu’à Bruxelles, Londres et Milan, et par Ballie Ballerson, en Grande-Bretagne. Aux États-Unis et à Singapour, le Museum of Ice Cream propose non seulement des dégustations, mais aussi des piscines remplies de fausses garnitures pour glace.
Un phénomène apparu pendant le Covid
Un manuel, The Kidult Handbook, explique comment construire une cabane dans sa chambre avec des chaises et des couvertures, ou monter un spectacle de marionnettes avec ses chaussettes.
Partout, il s’agit de « booster vos émotions heureuses », c’est-à-dire de donner à son cerveau des récompenses faciles grâce à des poussées de dopamine. Ainsi le kidulting est en phase avec les clichés pseudo-psychothérapeutiques qui nous enjoignent à retrouver notre « enfant intérieur ». Son essor commence avec la pandémie et il est plébiscité surtout par la génération Y. La technologie facilite tout, sauf le passage à l’âge adulte.