Peur sur l’État

Nos dirigeants sont terrifiés par l’épidémie et les menaces de procès


Peur sur l’État
Déplacement d'Emmanuel Macron au centre hospitalier René-Dubos de Pontoise (Val-d'Oise), 23 octobre 2020 © Ludovic Marin/Pool/AFP

Si nos dirigeants nous font peur, ce n’est pas pour nous asservir, mais parce qu’eux mêmes sont terrifiés, par l’épidémie et par la menace de procès. Cependant, leur politique brouillonne et tatillonne n’a fait qu’ajouter de l’absurdité à l’insécurité. D’autant plus que l’administration, à la fois omniprésente et impotente, paraît échapper à leur contrôle. 


Le 17 novembre, après quelques semaines de diète médiatique, qui lui a été semble-t-il prescrite par l’Élysée, Jérôme Salomon fait son retour sur nos écrans. Ayant expliqué que, malgré quelques signes encourageants, la deuxième vague est massive et meurtrière, le directeur général de la Santé se lance dans une longue digression sur le caractère « stressant et anxiogène » de l’épidémie, qui se traduit, ajoute-t-il, par l’explosion des états dépressifs. Il présente le dispositif mis en place par le gouvernement : le numéro vert spécial Covid vous aiguillera, selon la gravité de votre cas, vers SOS Amitié, une cellule d’aide psychologique ou un vrai psy (si quelqu’un veut tester, 0800 130000). Puis il déroule une liste de « conseils pour prendre soin de soi », tous excellents. En plus d’être gentil avec son entourage et d’y aller mollo sur le tabac et l’alcool, le docteur Salomon nous recommande de « ne pas être connectés à l’information toute la journée ». C’est presque un aveu – ne me regardez pas trop, ça va vous casser le moral. Jérôme Salomon fait peur et pas seulement aux enfants. Normal, depuis le début, son boulot c’est d’annoncer les mauvaises nouvelles, déclinées dans le langage que ce serviteur de l’État maîtrise le mieux : courbes, chiffres et prévisions désespérantes. Quand on le voit apparaître, on se dit qu’une catastrophe va nous tomber dessus. Au final, c’est peut-être injuste car après tout, il n’est que le messager, mais il est devenu le symbole d’une politique jugée à la fois technocratique, pagailleuse et angoissante.

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Bien entendu, cela ne signifie nullement que le gouvernement veut nous contrôler par la peur. Ni qu’il entend profiter de l’épidémie pour nous asservir. Nous ne croyons pas que le coronavirus soit une invention des riches pour exterminer les pauvres, comme semble le proférer dans Hold-up l’impayable Pinçon-Charlot – dont les propos, parait-il, ont été manipulés au montage. Dont acte. Ceci étant, lorsque cette prétendue sociologue avait table ouverte sur France Inter, ses diatribes anti-riches ne semblaient pas offusquer grand monde.

Se mettre à la place de celui qu’on critique

Pour autant,


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Décembre 2020 – Causeur #85

Article extrait du Magazine Causeur




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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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