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Petite psychologie de la crise des retraites

Le chaos actuel n'a rien de rationnel.


Petite psychologie de la crise des retraites
Manifestation à Paris, le jeudi 23 mars 2023 Chang Martin/Sipa 01107493_000092

Dans la crise actuelle provoquée par la réforme des retraites, chacun des acteurs principaux prétend poursuivre un objectif parfaitement logique. Pourtant, seuls ceux, peu nombreux, qui savent profiter du chaos peuvent se réclamer de la rationalité. Tribune.


Les politiques, les journalistes, les quidams commentent inlassablement les événements actuels, prétendant expliquer le pourquoi du comment de tout ce qui se passe. Si l’on veut bien regarder la réalité en face, tout le discours sur ce qui justifierait ces grèves et ces manifestations, ce bazar général où chacun se sent défenseur d’une humanité, d’une démocratie soi-disant menacées, tout cela n’est que rationalisation. En langage psychanalytique la rationalisation est le « procédé par lequel le sujet cherche à donner une explication cohérente du point de vue logique, ou acceptable du point de vue moral, à une attitude, une action, un sentiment etc., dont les motifs véritables ne sont pas aperçus » (Laplanche et Pontalis, Vocabulaire de la Psychanalyse).

Des porte-paroles syndicaux jusqu’au simple manifestant, chacun a son discours bien rationnel sur ce qui le fait agir. En réalité la comédie qui se joue échappe à la plupart de ses protagonistes, parce que le chaos n’est pas rationnel. Seuls ceux, et ce sont les plus malins, qui ont toujours considéré le chaos comme le levier principal de leur projet savent tirer profit de la situation. A l’extrême gauche, on rêve du chaos révolutionnaire. Côté RN, on patiente tel Raminagrobis guettant la Belette et le Petit Lapin, en regardant monter sa cote de popularité…

C’est sous le double éclairage de la rationalisation et de la théorie du chaos que l’on peut essayer d’appréhender les choses.

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Une situation de chaos social comme celle que nous vivons démarre sur des données apparemment simples, un facteur déclenchant, en l’occurrence le refus par certains partis et certains syndicats de la Loi Retraite, et particulièrement du départ à 64 ans. Partant de là se met en place un cortège de phénomènes, de discours, de mouvements, de réactions et de contre-réactions qui entraîne des évènements imprévisibles, des incidents ou des accidents, auxquels réagissent la presse et les mouvements sociaux, réactions qui entraînent elles aussi une cascade d’évènements en réaction et ainsi de suite.

Tout cela résonnant en chaque personne, en chaque militant, qui vibre individuellement en fonction de sa personnalité et de ses aspirations (plus ou moins conscientes), qu’il va bien sûr rationaliser en termes de motivations politiques ou professionnelles. A quoi vont s’ajouter les phénomènes de groupe, puis les phénomènes de foule dont on sait qu’ils ne sont pas vraiment propres à la lucidité.

Au bout du compte, ce qui était une revendication qui pouvait s’entendre, devient un foutoir universel à l’évolution totalement imprévisible, comme tout système chaotique, mais que la rationalisation forcenée de tous ses protagonistes contribue à entretenir. Voilà pourquoi, quelle que soit l’opinion qu’on peut avoir sur cette loi, toutes les personnalités et les organisations influentes qui, depuis le début, ont décidé de déclencher à outrance ce mouvement, comme ceux qui le justifient, jouent avec un feu qui risque de les brûler.



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Réalisateur de films d'entreprises et institutionnels. Organisateur de spectacles.

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