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Petit scarabée en Afrique

Le public africain est mordu de kung-fu. Une aubaine pour la Chine...


Petit scarabée en Afrique
Capture d'écran d'une vidéo de promotion du "Kung-Fu Show sino-africain", publiée le 25 novembre 2021. © Capture d'écran /CGTN Français (China Media Group)

Alors que la Chine renforce sa présence en Afrique, le kung-fu émerge comme un puissant outil de soft power pouvant séduire les foules.


La lutte que se livrent les grandes puissances se joue de plus en plus sur le terrain du soft power. La Chine, qui accuse dans ce domaine un train de retard, dispose en Afrique d’un instrument efficace : le kung-fu ! En 2021, la province de Henan et la chaîne de télévision chinoise CGTN ont organisé le « Kung-Fu show sino-africain », un événement multimédia qui a permis notamment aux auteurs des vidéos retenues par le jury de visiter la province organisatrice (et berceau historique du Tai-chi-chuan). La chaîne se réjouissait d’avoir reçu plus de mille vidéos et d’avoir généré plus de 90 millions de vues ; elle a depuis organisé d’autres événements sur place, comme le premier concours de kung-fu africain, en 2023, en Zambie.

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En réalité, le coup de foudre entre l’Afrique et les arts martiaux chinois est très antérieur à la récente activité de la télé chinoise. Un mystérieux Mr Ming, originaire de Taïwan, a commencé à diffuser dans les années 1970 des films de kung-fu dans des cinémas miteux d’Afrique du Sud. La population noire a été très séduite par la figure de Bruce Lee, notamment quand celui-ci retire avec beaucoup d’énergie un panneau « chiens et Chinois interdits » à l’entrée d’un parc dans le film La Fureur de vaincre.

Le cinéma africain a ensuite adapté le genre dans des productions à budget extrêmement réduit. Avec 34 dollars en poche, le Nigérian Mayor Uguseba est parvenu à boucler A Very KungFu Nollywood Movie “The Revenge of Sobei”. Le public africain se dit mordu de kung-fu. Dans une enquête qui date de 2017, 79% des cinéphiles camerounais se disaient fans de ce sport. Quelques figures africaines se sont même imposées aux yeux du public chinois, comme le Béninois Luc Bendza, apparu dans plusieurs films et installé en Chine, où il a hérité du surnom « Chinois Noir de peau ». Une réussite en matière de soft power, à un moment où la Chine s’installe massivement en Afrique, surtout par l’intermédiaire du bon vieux hard power.




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Professeur démissionnaire de l'Education nationale

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