Une nouvelle de Jacques Aboucaya
Depuis quelque temps, le bruit courait sous le manteau. La rumeur enflait dans les milieux bien informés et dans les officines proches du pouvoir, accoutumées à tester les réactions du public avant même que ne soit prise en haut lieu la moindre décision. En l’occurrence, la question n’était pas dénuée d’importance : le néo-parti antifa (NPA) venait de rejoindre à son tour la grande coalition de la haine recuite (CHR). Ce ralliement devait, à l’évidence, être récompensé maintenant que, contre toute attente, la CHR venait d’arracher la victoire aux législatives. Ce n’était que justice et les cent-quatorze adhérents composant le NPA n’eussent pas compris que leur chef, Pierre Bizou, soit exclu de la grande recomposition annoncée par les augures.
Oui, mais voilà : Pierre Bizou était peu connu du grand public, hormis des habitués du Café du Commerce où il avait l’habitude de siroter son pastis vespéral en jouant à la belote. Qu’il ne fasse point partie du gouvernement dont la composition tardait à être dévoilée, tant les rivalités, les ambitions, les rancœurs,
