Anne Hidalgo a bien le droit de prendre un arrêté municipal pour limiter la vitesse sur le périphérique parisien. Mais, c’est l’État qui posera les radars et sanctionnera les dépassements de vitesse… De son côté, Valérie Pécresse demande à la Mairie de Paris de renoncer à sa décision, et affirme que le périphérique «n’est pas un axe parisien, mais un axe d’intérêt régional dont 80% des usagers n’habitent pas Paris». Commentaire.
Madame la Maire de Paris, Anne Hidalgo, est une femme qui sait faire preuve d’autorité. Elle vient de le montrer. À partir du 1er octobre, la vitesse autorisée sur le périphérique de la capitale sera de 50km/h au lieu de 70 aujourd’hui. Cela « relève de ma décision » a-t-elle jugé bon de préciser, histoire de bien faire comprendre que, en ces matières, le chef – pardon, la cheffe ! – c’est elle. Et elle seule, non mais !
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Je vais vous dire, c’est beau l’autorité si crânement affirmée, si utilement mise en œuvre. 50 km/h et non 70. On frise l’audace révolutionnaire. On est au bord du coup de force autocratique. Pour un peu, on admirerait… Imaginons un instant que la même détermination soit mise en parole, en musique et surtout en actes pour, par exemple, endiguer la déferlante de drogue dans la capitale, la multiplication des squats, ou pour mener à bien l’éradication des (inhumains) campements de migrants qui, justement, me rapporte-t-on, se reforment à peine la flamme olympique soufflée. Et puis, il y a les obstinés de la cambriole qui trouvent ici, dirait-on, une sorte de terrain de jeu tout à fait épatant. Ça n’arrête pas. Soit ils sont en grand nombre et ceci expliquerait cela, soit ils ne sont pas aussi nombreux qu’on pourrait le penser et, dans ce cas, tant d’ardeur au turbin mériterait bien quelques éloges, voire une récompense, genre médaille de la Ville, puisque l’attribuer relève aussi de la décision de la dame sus-évoquée.
Non, rien de tout cela : on se contentera d’exercer une implacable fermeté sur la limitation de vitesse sur le périphérique. Monsieur Philippe nous avait déjà fait le coup de l’autorité sans faille, mais plutôt à la campagne, lui, avec son 80 à l’heure, condamnant de ce fait l’automobiliste à une somnolence dont on s’est bien gardé d’évaluer l’incidence accidentogène (comme on dit quand on se la joue technocrate). Rien de changé en fait, l’automobiliste demeure la cible privilégiée. Pour le 50 hidalgien comme pour le 80 philippien.
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Pourquoi tant de vigueur et de rigueur à ce haut niveau de la pyramide politique pour, au fond, des sujets plutôt secondaires ? Tout simplement parce que, me semble-t-il, à l’image du boulevard parisien, leur pouvoir n’est plus que périphérique. Ils n’ont plus la main sur les grandes choses, les grandes affaires, les domaines de première importance, sur ce qui a une véritable et profonde influence sur la vie du pays et des gens. On pourrait penser que cela leur a échappé et leur échappe de plus en plus à mesure que le temps passe. On en arriverait presque à soupçonner que les choix, les décisions déterminantes pour aujourd’hui et demain se prennent ailleurs. Il ne leur resterait donc plus, oui, qu’un pouvoir périphérique, s’exerçant sur de petites choses pour des enjeux plutôt limités. À ce train-là, on peut tout craindre de leur prochaine crise d’autorité. Un permis piéton spécial franchissement des Grands Boulevards, peut-être ?
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