Le pouvoir socialiste ne pouvait espérer mieux. Le spectacle donné par les responsables coqs de l’UMP n’est pas seulement pitoyable; il occulte le reste de l’actualité, et notamment ce qui pourrait vraiment intéresser les Français. Pendant que les médias, réjouis d’une telle aubaine, focalisent notre attention sur la guerre Copé-Fillon, François Hollande et le gouvernement Ayrault s’enfoncent dans l’impopularité, la croissance est en berne, l’agence Moody’s sanctionne l’absence de réformes structurelles et dégrade la note de la France, les taux OAT remontent doucement et, surtout, le président de la République se retrouve empêtré avec son projet de mariage homosexuel.
Pour la gauche, ces derniers jours auront été exemplaires dans l’art d’utiliser la stupidité du camp adverse.
La mobilisation de samedi dernier contre le mariage homosexuel, en réunissant près de 200000 personnes fut indiscutablement un succès. Koltchak et Io Froufrou en ont fait d’excellents compte-rendus, qui soulignent chaque fois la diversité et la courtoisie des manifestants. Comme Corto l’a déploré, les médias ont tu l’ampleur du mouvement et les gauchistes ripostaient, non sans hargne, sur Twitter. Alors qu’ils sont toujours prompts à dénoncer les amalgames, ils n’hésitaient pas à caricaturer les manifestants en catholiques-intégristes-fachos-homophobes. Le lendemain avait lieu la manifestation de Civitas: elle fut perturbée par l’irruption des hystériques du FEMEN , avec un service d’ordre vite débordé et quelques échaufourrées. Les gonzesses qui étaient venues chercher le contact, armées de bombes lacrymogènes, pleurnichèrent aussitôt parce qu’elles avaient été bousculées. Le piège était grossier et on peut regretter, comme l’Amiral Woland, que quelques skinheads soient tombés dedans à pieds joints: des idiots utiles qui ont ainsi confirmé l’image caricaturale, celle des catholiques-intégristes-fachos-homophobes, que les médias et la gauche donnent d’eux. Les FEMEN ont réussi leur coup: on a oublié les 200000 manifestants de la veille. À ce sujet, on lira l’excellente analyse de Fikmonskov.
Ceci dit, les manifestations du week end ont quelque peu ébranlé les certitudes du Camp du Bien. Si bien que le Président de la République a semblé faire marche arrière. Mardi, devant les maires de France , il a expliqué que la loi sur le « mariage pour tous » devrait s’appliquer, si elle est adoptée, dans « le respect de la liberté de conscience ». Aussitôt, furieux, les fanatiques de la cause homosexuelle, ont exigé d’être reçus à l’Élysée et nous avons finalement vu François Hollande se désavouer : il a aussitôt «retiré» l’expression « liberté de conscience » qu’il avait utilisée devant les maires. François Hollande a ainsi apporté la preuve de son absence de conviction. C’est du Hollande typique : mou, toujours prêt à la reculade et au compromis. Il y a du Louis XVI chez ce type là et on ne serait pas étonné d’apprendre qu’il se passionne pour la serrurerie; reste à savoir si l’échafaud se trouve au bout du parcours.
Le revirement du président de la République, que la cacophonie à l’UMP a permis de minimiser, est significatif de notre vie politique : c’est le grand n’importe quoi, et tant mieux, apparemment, si on peut gagner ainsi des élections et en vivre. Or, le grand n’importe quoi, c’est ce qui abaisse la politique. C’est également ce que vit l’UMP. Comme François Hollande, Jean-François Copé et François Fillon n’ont pas de convictions: ils se battent pour des places. Quant à Marine Le Pen, elle ne fait pas mieux quand elle permet l’élection de François Hollande. Aujourd’hui, la droite se déchire parce qu’elle s’est vidée de tout contenu idéologique. Constamment intimidée par une pensée unique venue de la gauche, elle n’a de droite que le nom. D’ailleurs, si elle essaie de revendiquer ses valeurs, ses adversaires montent aussitôt au créneau pour dénoncer une droitisation: comme s’il était honteux, pour la droite, d’avoir des valeurs de droite. Copé et Fillon sont maintenant cramés : espérons que ce suicide politique aura permis de crever les abcès qui s’accumulaient.
*Photo : François Hollande.
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