J’avoue qu’il y a en ce moment des sujets nettement plus importants. N’empêche, malgré mon anti-anti-lepénisme primaire, et plus si affinités, je suis heureux que les juges du tribunal administratif de Lille aient cassé l’arrêté anti-mendicité de la mairie d’Hénin-Beaumont, qui devait, selon ce que j’ai compris, valoir du 1er juin au 31 août. Pourquoi seulement durant cette période ? Je ne sais pas, Hénin-Beaumont n’étant pas aux dernières nouvelles la ville la plus touristique de France. Peut-être parce que la misère est moins pénible au soleil.
Mais enfin, ce type de pratique abusive, que l’on croyait jusqu’ici réservé aux élus UMP que leur électorat bienveillant pousse au cul pour éliminer les verrues urbaines qui font chuter le tourisme, semble faire des émules et à peine des mairies conquises, les hommes du FN emboîtent le pas. Paradoxalement, ce n’est pas, je crois, un signe d’embourgeoisement du parti, mais plutôt le symptôme d’une lointaine marxisation des esprits : pour faire court, le prolétariat n’a jamais pu blairer le lumpenprolétariat, cette sombre caste de profiteurs qui ont le front d’être plus pauvres que les pauvres gens. On a tous bien compris l’argument de fond, le non-dit de l’affaire : il s’agit d’éloigner les infects Roms.
Mais voilà qui ne tient décidément pas : si lesdits Roms cèdent à leur penchant immémorial que la décence m’interdit ici de nommer, il n’est que de leur dépêcher quelques pandores. Tous les autres, et même les Roms, qui quémandent la piécette sur les marchés, à la sortie des boutiques ou devant les bars-tabacs ont le droit de cité. Ils en ont même, à mon humble avis de chrétien, le devoir. Si on te demande une cigarette, Steeve Briois, le petit-fils de mineur du Nord, donnes-en deux. Si on te demande ton costume, donne aussi ta chemise. C’est ainsi qu’on refait la France. Et pas autrement.
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