Etonnant débat que celui auquel il nous a été donné d’assister jeudi dernier sur France 2. En théorie, il devait opposer tour à tour le Besson à la Le Pen puis au Peillon. Sauf que celui-ci s’est désisté au dernier moment.
Que dis-je, au dernier moment ? L’émission était commencée depuis un bon quart d’heure quand Arlette Chabot nous a annoncé, verte (plus verte que nous, pour être franc) la désertion du soldat Peillon. « Le matin même », fulmina-t-elle en direct, le bonhomme était encore partant pour ce débat, dans des termes fixés depuis un mois.
Pour sa défense, Peillon avance qu’il n’aurait appris que peu avant l’horrible vérité : Marine Le Pen parlerait avant lui ! Pas question dans ces conditions, précise-t-il, de jouer les « idiots utiles ». Est-ce à dire que, s’il avait pris la parole en premier, il eût été inutile ?
Monsieur Vincent n’en dit rien. L’essentiel, explique-t-il, c’est d’avoir déjoué la « manœuvre » visant à « recentrer un débat indigne (sic) sur l’identité nationale en créant (re-sic) un clivage avec le F.N. »
Encore fallait-il, de son propre aveu, « empêcher France 2 de [le] remplacer ». D’ou l’idée géniale de notre stratège en chambre : non pas prévenir, mais « postvenir » la chaîne.
Admirons au passage ce que l’argument implique : à coup sûr, l’un ou l’autre de ses petits camarades, à sa place, eût sauté à pieds joints dans le « piège » tendu, selon lui, par France 2 et l’Elysée en personne…
Mais au-delà de ce charabia, et de la muflerie qu’il est censé justifier, il y a évidemment un coup d’éclat réfléchi. Jamais M. Peillon n’aurait bénéficié de telles « retombées » médiatiques en une petite demi-heure d’imprécations convenues contre la démagogie électoraliste de ce débat « indigne », coin-coin.
Si ça se trouve même, son ancien pote Besson – qui a sur lui l’avantage de connaître par cœur les discours des deux camps – l’aurait mangousté en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire !
Dans ces conditions, le pari peillonien, consistant à miser sur l’absence, ne pouvait être que d’un meilleur rapport – au sens PMU du terme. Au moins le bonhomme a-t-il su résister à ce besoin névrotique de se montrer qui ronge notre classe politique comme le reste du showbiz : sous prétexte d’ « aller se faire voir à la télé », combien de ses collègues n’en sont jamais revenus…
Conclusion : Peillon avait raison ! La preuve : son absence fut le seul événement du débat… Pour le reste, rien à signaler : Besson n’est pas redevenu socialiste – et d’ailleurs, Mme Le Pen ne voit toujours pas de différence majeure entre majorité et opposition.
Heureusement, il y a Martine Aubry ! Cette dame méthodique ne vient-elle pas de retrouver, dans le grenier du PS, l’idée d’un « droit de vote pour les étrangers » – qui figurait déjà, sans me vanter, dans les 110 propositions du candidat Mitterrand en 1981.
Bref nous voilà avec une identité nationale qui a tout de… « régionales ».
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