Docteur en philosophie des sciences, Peggy Sastre se situe à contre-courant de la doxa féministe. Quand les chiennes de garde imputent les inégalités entre les sexes à la méchanceté des hommes, Sastre les explique par des prédispositions biologiques. Sans pour autant les justifier. Entretien (1/2)
Causeur. D’un naturel plutôt discret, vous avez décidé d’intervenir dans le débat en réaction à la campagne #balancetonporc qui a suivi l’affaire Weinstein. Vous avez corédigé la tribune en faveur de la « liberté d’importuner » publiée dans Le Monde et signée par une centaine de femmes, dont Catherine Deneuve. Pourquoi avoir choisi de monter au créneau et de mobiliser toutes ces femmes célèbres ?
Peggy Sastre[tooltips content= »Docteur en philosophie des sciences, Peggy Sastre vient de publier Comment l’amour empoisonne les femmes (Anne Carrière, 2018). « ]1[/tooltips]. Je précise que cette tribune s’intitulait « Des femmes libèrent une autre parole », titre que Le Monde a conservé dans le journal, mais changé sur son site internet. Ce texte avait notamment pour objet de défendre la liberté sexuelle, dont la liberté d’importuner n’est qu’une des conditions d’exercice. Autrement dit, on ne peut pas colorer simplement en noir et blanc un phénomène complexe qui, dans la réalité, est gris. Car dans le jeu de la séduction, hommes et femmes ne partagent pas forcément la même définition des comportements acceptables. Plusieurs études sur le harcèlement au travail ont révélé l’existence de profondes divergences d’appréciation entre hommes et femmes quant à ce qui relève de la drague lourde, du harcèlement sexuel, voire de l’agression. Il n’y a donc pas de définition objective du « porc », ce qui rend la campagne #balancetonporc problématique.
Pensez-vous que la domination masculine, et ses abus sur les femmes, n’existe pas ?
Mon précédent livre s’appelait justement La domination masculine n’existe pas (Anne Carrière, 2015). Le discours féministe sur la domination masculine invente de toutes pièces une espèce d’hydre de science-fiction dont il serait vain de couper un bras parce qu’il repousserait aussitôt. Comme l’expliquent Gérald Bronner et Étienne
