Accueil Édition Abonné Avril 2018 Peggy Sastre: « La peur du loup asservit les femmes »

Peggy Sastre: « La peur du loup asservit les femmes »

Entretien (2/2)


Peggy Sastre: « La peur du loup asservit les femmes »
Docteur en philosophie des sciences, Peggy Sastre vient de publier "Comment l'amour empoisonne les femmes" (Anne Carrière, 2018).

Docteur en philosophie des sciences, Peggy Sastre se situe à contre-courant de la doxa féministe. Quand les chiennes de garde imputent les inégalités entre les sexes à la méchanceté des hommes, Sastre les explique par des prédispositions biologiques. Sans pour autant les justifier. Entretien (2/2)


Retrouvez la première partie de l’entretien ici.

Causeur. Les féministes vous rétorqueront que nous ne sommes plus dans la savane et que ce rappel des origines ne vise qu’à valider les stéréotypes sociaux qui poussent les petites filles vers les poupées quand les petits garçons préfèrent les G.I. Joe ?

Peggy Sastre. Tout un discours féministe, et plus largement progressiste, de déconstruction des stéréotypes de genre prétend qu’ils sont faux parce que socialement construits. Or, les stéréotypes, engendrés par des structures et des processus biologiques, reposent sur un fond de vérité ! De nombreux chercheurs travaillent sur la véracité des stéréotypes, à l’instar de Lee Jussim qui démonte de surcroît leur caractère prédictif. L’idée féministe selon laquelle une petite fille jouant à la Barbie deviendra une connasse battue par son mari n’a aucun fondement. Il est probable que même sans contrainte sociale ou parentale, elle se portera plutôt vers la poupée que sur le fusil et le camion de pompiers. Pour autant, il ne s’agit pas de s’enfermer dans les stéréotypes. Ce sont des hypothèses probabilistes qui n’obligent nullement les individus à se reconnaître en eux. Beaucoup de femmes ne s’intéressent pas aux vêtements et il serait malvenu de les y contraindre. Mais quand hommes et femmes ont toute liberté de choix et d’action, ils semblent confirmer ces stéréotypes. C’est ce qu’on appelle le paradoxe norvégien : c’est dans les pays les plus libres au niveau de l’égalité sociale entre les sexes que le fossé comportemental entre hommes et femmes est le plus important.

Dans ce cas, pourquoi n’acceptez-vous pas complètement la séparation des tâches entre les sexes ?

Parce que cela contraint la variabilité individuelle et aussi tout simplement parce que notre environnement a changé. Le partage des tâches entre deux pôles bien définis était adapté à des sociétés archaïques où l’on mourait à 30 ans. Or, depuis quelques siècles, avec les progrès de la science, notre environnement a énormément changé. Logiquement, les femmes ont de moins en moins besoin de protection et de dépendance


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Avril 2018 - #56

Article extrait du Magazine Causeur




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est journaliste.

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