On a prêté peu d’attention, de ce côté-ci du Rhin, à la nomination toute récente, par le SPD, de Peer Steinbrück, comme candidat à la chancellerie contre Angela Merkel pour les élections au Bundestag prévues à l’automne 2013. Ce choix est pourtant significatif de l’état d’esprit dominant en Allemagne en ces temps de crise des dettes souveraines au sein de la zone euro. Peer Steinbrück, 65 ans, incarne l’aile droite de la social-démocratie allemande et se réclame de l’héritage de Gehrard Schröder et d’Helmut Schmidt plutôt que de celui de Willy Brandt. Il partage avec les chrétiens-démocrates les plus orthodoxes une vision rigoriste de la gestion de l’économie, et l’aversion pour toute politique de relance fondée sur un assouplissement des règles régissant la BCE. Ce n’est pas à lui que l’ont fera avaler la couleuvre de la mutualisation des dettes au sein de la zone euro.
Pierre Moscovici aurait intérêt à se renseigner à son sujet auprès de Thierry Breton, Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde, qui eurent l’occasion de fréquenter le personnage lorsqu’entre 2005 et 2009, il exerça les fonctions de ministre des finances au sein du cabinet de grande coalition CDU-SPD dirigé par Angela Merkel.
Peer Steinbrück veille sur le magot allemand comme une ourse sur ses oursons : défense d’approcher à moins de deux cents mètres ! Inutile, donc, d’attendre une alternance à Berlin pour espérer un rapprochement entre les cigales et les fourmis. Les fourmis rouges sont souvent plus intransigeantes que les fourmis noires.
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