Accueil Politique Le premier tour des présidentielles, voilà la vraie primaire de la droite!

Le premier tour des présidentielles, voilà la vraie primaire de la droite!

La prise de position de Sarkozy est plus attendue que jamais…


Le premier tour des présidentielles, voilà la vraie primaire de la droite!
Xavier Bertrand s'adresse aux militants LR au meeting de Valérie Pécresse au Zénith de Paris, 13 février 2022 © Jacques Witt/SIPA

Dans la drôle de guerre électorale que nous sommes en train de vivre, les positions semblent figées, avec un bloc élargi des droites où chacune des familles évolue autour de la barre des 15%…


La question fondamentale, donc, reste celle de savoir laquelle des trois sera présente au second tour, étant entendu que la gauche est hors course et que le camp progressiste d’Emmanuel Macron, jusqu’à nouvel ordre, est toujours assuré de sa première place.

La droite est désormais le barycentre de la vie politique nationale, et de l’issue de l’élection dépendra le nouvel agencement des forces qui la composent. Il est logique, sain et souhaitable, après des décennies de séparation forcée, que l’échéance présidentielle à venir se présente avant tout comme une grande primaire des droites qui ne dit pas son nom. Un pactole électoral que convoitent, non pas trois, mais en réalité quatre candidats. Dans cette course, il ne faudrait pas complètement oublier Macron non plus.

Nous assistons donc, à droite, à une primaire générale séquencée en trois sous-primaires symétriques :

  • celle de Zemmour et Le Pen qui se disputent l’espace de la droite nationale ;
  • celle de Macron et Pécresse qui se battent pour capter le même électorat de droite modérée ;
  • et, enfin, celle de Zemmour et Pécresse autour de l’électorat le plus radical de LR. Sur le papier, c’est là que résident les principales réserves de « Reconquête », dans la mesure où Pécresse est la candidate dont l’électorat est le plus indécis sur son choix, selon les sondages.
Conférence de Marine Le Pen à Toulon, 17 juin 2021 © Daniel Cole/AP/SIPA

Pécresse, une candidate sur un champ de mines

Le socle idéologique de Pécresse apparait comme le plus fragile, tiraillé qu’il est entre une culture centriste qui tangente la macronie et une base LR droitisée qui se reconnait de moins en moins dans ses dirigeants. Il faut sur ce point écouter Agnès Evren, maire adjointe du 15e arrondissement, soulignant elle-même dans un entretien [1], que les cadres de LR doivent lutter contre la « radicalisation de la base ». Quel terrible aveu de faiblesse, dans une campagne électorale où la droite classique joue sa survie, que d’avouer que ses dirigeants sont en situation de rupture idéologique avec leurs militants !

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L’atout majeur de Valérie Pécresse n’est pas celui d’être une femme, mais celui de pouvoir marteler, avec une logique crédible, qu’elle est la seule à pouvoir battre Macron. La sociologie électorale lui donne théoriquement raison, quand on voit le nombre de Français qui rejettent les personnalités d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen. C’était un raisonnement que tenait Bayrou en son temps ; être le meilleur candidat de deuxième tour, qu’il n’a jamais pu devenir ! Xavier Bertrand a cédé à la même illusion lors du congrès LR…

La flèche de Rachida Dati, très proche de Sarkozy, sur le manque «d’incarnation» de la candidate LR et ses attaques virulentes sur son directeur de campagne Patrick Stefanini, qualifié de «loser», révèlent la violence des tensions au sein de LR

Le défi que doit relever Valérie Pécresse est donc loin d’être gagné : consolider un électorat LR divisé autour du socle des 15% et trouver les trois ou quatre points – ou idéalement plus – qui peuvent lui assurer une place au deuxième tour. La candidate LR peut bénéficier d’une attitude bienveillante du système médiatique, compte tenu du fait qu’elle est considérée comme une alternative acceptable à Macron. Toutefois, la logique du scrutin présidentiel est une logique d’affrontement et son statut de favorite de deuxième tour fait d’elle la cible prioritaire de tous les autres camps. Si la gauche peut attaquer son côté grande bourgeoise libérale, et la droite de rupture son côté progressiste libérale très proche du profil de Macron, il est difficile encore d’avoir une idée précise de l’angle d’attaque du camp présidentiel. Pécresse apparaît comme une sorte de double féminin du président en place. Quand il entrera véritablement en campagne, les offensives du centre macroniste à l’égard de Pécresse porteront probablement plus sur sa personnalité que sur le fond de son programme. On soulignera d’abondance son opportunisme et son manque de convictions avec, notamment, sa volteface spectaculaire sur les questions d’immigration et d’identité. Il faudra alors beaucoup d’agilité tactique aux dirigeants de LR pour maintenir une apparente cohésion.

Macron au cœur de cette primaire des droites ?

Il est clair, en revanche, que la faiblesse relative de Pécresse ouvre des marges de manœuvre à Macron pour mener à bien son repositionnement à droite qui est l’enjeu clé de sa réélection. Macron est un opportuniste réaliste qui n’hésite jamais à exploiter les occasions qui s’offrent à lui et il vise à être un acteur clé de la recomposition de la droite. Il est d’autant plus libre de lorgner vers la droite LR que l’effondrement du PS lui assure, dès le premier tour, la fidélité d’une part importante de l’électorat de gauche. L’aile gauche de la macronie s’apprête d’ailleurs à se renforcer encore de transfuges du PS, comme le souligne un article récent du Parisien [2]. L’aile gauche sécurisée, le flanc droit peut-être l’objet de toutes ses attentions. L’observation de la scène électorale permet déjà de discerner des signes annonciateurs qui dessinent une stratégie à droite de Macron et des acteurs qui vont le soutenir. Que fait donc Nicolas Sarkozy ? Les deux hommes se connaissent bien et partagent des intérêts communs.

Emmanuel Macron salue Nicolas Sarkozy aux Invalides, dans le cadre de la journée d’hommage aux victimes du terrorisme, Paris, 11 mars 2021 © Thibault Camus/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22547440_000004

En attendant Sarko !

La flèche de Rachida Dati, très proche de Sarkozy, sur le manque « d’incarnation » de la candidate LR [3] et ses attaques virulentes sur son directeur de campagne Patrick Stefanini, qualifié de « loser » [4], révèlent la violence des tensions au sein de LR, de même que la défection d’Éric Woerth, autre proche de l’ancien président, qui a rejoint Macron. Enfin, rappelons l’estocade portée par Sarkozy lui-même, qui, pour répondre au silence assourdissant de son absence de soutien à la candidate, la qualifie « d’inexistante » [5].

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Sarkozy a mis Valérie Pécresse sous pression et celle-ci attend désespérément un signe positif de sa part. Elle peut toujours évoquer, suite à leur rencontre récente, « un entretien franc et chaleureux », aucun geste concret et décisif ne vient confirmer l’entente « cordiale » entre les deux protagonistes. En revanche, l’absence de Sarkozy au grand meeting du Zenith apparait comme un désaveu sans appel et l’hommage tardif et mesuré de la candidate au parrain de la droite ressemble fort à un service minimum. La prise de distance est peut-être plus sévère qu’une défection assumée, par tout ce qu’elle suggère de sourdes rancœurs et de calculs dissimulés. En revanche, les rumeurs évoquant un soutien direct de l’ancien président à Macron semblent pour l’instant bien peu crédibles. Mieux vaut passer pour un arbitre sévère que pour un traitre !

Il faut oublier la vulgate des communicants et des journalistes qui parlent de fendre l’armure, et d’être soi-même pour gagner le cœur des électeurs. L’objectivité des rapports de force de la sociologie politique a ses raisons que la raison du cœur ne peut ignorer. L’espace idéologique de la candidate LR est étroit et fragmenté et son repositionnement à droite toute est difficile à négocier, avec ou sans Sarko ! Son long prêche patriotique du Zénith, quasi zemmourien dans ses intonations, sonnait comme une épreuve de rattrapage pour une disciple de Chirac qui n’a pas su percevoir à temps la lente et constante droitisation du pays.


1/ BFMTV 24/01/ 2022

2/ Le Parisien : « La Macronie attend de nouveaux renforts socialistes » : 7/02/2022

3/ Entretien au Figaro : 2/ 02/ 2022

4/ France Info : 10/ 02/20212

5/ Le Figaro : 10/02/ 2022



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