Valérie Pécresse était de passage samedi soir près de Besançon, en tant qu’invitée d’honneur de la fête départementale de la fédération UMP du Doubs. Juste avant d’intervenir devant les militants, elle tenait un point-presse auquel j’ai bien volontiers participé, avec la lourde charge d’y représenter Causeur. Au menu, deux thèmes et un fil rouge : la nécessité de ressouder l’UMP après le psychodrame de l’automne dernier, les élections municipales et enfin, le gouvernement « qui mène le pays dans le mur », selon l’expression consacrée par tous les secrétaires généraux de partis d’opposition depuis qu’il existe des partis d’opposition.
Rassurer les militants et travailler sur de bons statuts pour l’UMP, tel est le premier objectif de Valérie Pécresse. « Les militants ont été traumatisés et beaucoup d’entre eux craignent même un nouveau vote », nous explique-t-elle. Il faut vraiment les avoir énormément traumatisés pour que des militants politiques, c’est à dire des gens a priori passionnés par l’exercice du vote, soient à ce point craintifs. Mais tout est fait pour les rassurer, explique-t-elle. Les nouveaux statuts de l’UMP sont en passe d’être approuvés. Il n’y aura pas de vote par procuration. On ne devrait pas voter pour un ticket de trois personnes comme c’était le cas précédemment, mais pour le seul président, ce qui permettra à ce dernier de rassembler en nommant des personnalités du camp d’en face en n°2 ou n°3. Enfin, les conditions pour être candidat à la présidence seront réformées. Le seuil des parrainages de militants sera abaissé mais on veillera tout de même à ne pas favoriser des candidatures fantaisistes en exigeant parallèlement des signatures de parlementaires. François Fillon, dont Pécresse est très proche, sera-t-il à nouveau candidat ? « Ce n’est pas qu’elle veut faire de la langue de bois », répond-elle mais, tout de même, ce n’est pas le moment de répondre à cette question. Nous l’interrogeons enfin sur les révélations du site Atlantico selon lesquelles Brice Hortefeux et quelques autres « amis de Nicolas Sarkozy » souhaiteraient inclure une clause dans les statuts supprimant les primaires à droite en cas de candidature d’un ancien président de la République. Il n’est pas question des primaires, pour l’heure, dans la réforme des statuts mais seulement de l’élection à la présidence de l’UMP. S’agit-il d’une manière de ne pas nous répondre, ou de dire à Hortefeux que cette initiative ne recueille pas son assentiment ?
Lorsqu’elle s’exprime sur les élections municipales et notamment celles du Doubs, Valérie Pécresse se prend légèrement les pieds dans le tapis. « La commission d’investiture se réunit pour statuer la semaine prochaine », explique-t-elle avant de déclarer que « les candidats pour les villes de Besançon et Montbéliard sont excellents ». Connaît-elle déjà les résultats de la commission d’investiture pour être aussi affirmative sur leur qualité ? Pirouette de Valérie. Bien évidemment non, mais « tous les candidats à la candidature sont déjà excellents ». Ouf ! D’ailleurs, aucune demande de parachutage n’a été formulée par la fédération car le Doubs dispose d’élus de qualité, confirme le secrétaire départemental de l’UMP, qui pose affectueusement les mains sur les épaules de Jacques Grosperrin, député battu en juin dernier, lequel brigue l’investiture pour Besançon. Indice révélateur, les deux rivaux de ce dernier, dont le filloniste Pascal Bonnet, n’assistent pas à la conférence de presse. Valérie Pécresse insiste sur la nécessité de prendre des villes dans le département du ministre des finances qui mise sur le « tout-fiscal ». Mais les municipales ne concernent pas que les deux grandes villes du département, il faut des candidats partout, y compris dans les villages. On s’étonne alors que l’UMP souhaite politiser les élections dans des petites communes où, bien souvent, les listes sont apolitiques. « C’est la responsabilité du gouvernement socialiste » qui modifie tous les modes de scrutin et souhaite notamment que le scrutin de liste proportionnel et paritaire soit étendu aux communes comptant entre 500 et 3500 habitants[1. Actuellement, seules les communes de plus de 3500 habitants ont un tel mode de scrutin. En dessous de ce seuil, c’est le scrutin de liste majoritaire qui était jusque-là en vigueur, avec possibilité de panachage jusqu’à 2500 habitants. ]. Et l’attitude à adopter vis-à-vis du FN ? Pécresse est claire. C’est le ni-ni qui l’emporte. D’un côté, ceux qui, localement, seraient tentés par des alliances avec le Front National seront désavoués et« sanctionnés » ! Mais en cas de duels PS-FN, « pas question d’appeler à voter pour un PS qui s’allie avec l’extrême gauche de Mélenchon, lequel appelle à la violence sociale ». Du vrai Copé dans le texte. François Fillon, dont elle est proche, était moins catégorique, et NKM aussi, lui fait-on remarquer. « NKM n’est pas présidente de l’UMP ! ». Réponse curieuse. L’élection à la présidence de l’UMP aura lieu en septembre, soit six mois avant les élections municipales. La secrétaire générale déléguée de l’UMP considère- t-elle que le scrutin constituera une promenade de santé pour Jean-François Copé ?
La conférence de presse se termine et Valérie Pécresse évoque la mise en examen de Nicolas Sarkozy. Tout en précisant qu’elle « respecte l’indépendance des magistrats », elle qualifie cette décision de« surprenante et incompréhensible », reprenant le registre choisi par Copé et Fillon mais délaissant celui de l’indignité exprimé par Claude Guéant et surtout Henri Guaino. Il y a ceux qui veulent encore croire à la candidature de l’ex-président et qui ont du mal à maîtriser leur colère devant cet obstacle, et il y a ceux qui n’y croient plus et assurent le service minimum. On aura compris que Valérie Pécresse faisait partie de la seconde catégorie.
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