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Les LR doivent-ils s’euthanasier?

La droite doit cesser de se trahir et de se plaindre !


Les LR doivent-ils s’euthanasier?
Agnès Evren (LR) invitée sur Sud Radio, le 18 mai 2022. Capture.

La droite de gouvernement traverse une crise importante en raison d’un manque de clarté sur les valeurs et les positions défendues. Cette confusion entraîne une défiance des électeurs. Comme Agnès Evren, Philippe Bilger ne souhaite pas la disparition de ce courant de pensée qui occupe une place singulière dans l’histoire politique française. Une renaissance de la droite conservatrice, gaulliste et sociale, est possible et souhaitable selon lui…


La droite républicaine est défendue avec si peu de conviction et d’enthousiasme que sa mort, tant de fois annoncée, semble presque souhaitée. Comme s’il fallait « achever » par humanité un corps sans force. Pourtant il reste l’essentiel : une espérance qui n’est pas déconnectée de la réalité.

Cette envie de billet m’est venue quand j’ai entendu ce 18 mai à la matinale de Sud Radio Agnès Evren, soutien déçu de Valérie Pécresse, questionnée par Patrick Roger (voir ci-dessous). Il y avait quelque chose de profondément rafraîchissant dans le ton et l’élan de cette invitée qui n’éprouvait pas le besoin de porter le deuil de la droite républicaine. Au contraire, elle la vivifiait par la certitude de son caractère irremplaçable dans la configuration politique d’aujourd’hui.

D’abord la Premier ministre a raison: la tâche qui l’attend, avec les futurs députés de Renaissance, sous l’égide du président de la République, est « immense ». Je ne suis pas sûr, sans tomber dans la pire des politiques, celle du pire, que la droite aurait déjà été en mesure d’affronter les défis de toutes sortes, nationaux et internationaux, secrétés par le réel. Qu’elle profite plutôt de ce suspens, de cette parenthèse, pour élaborer le plus précisément possible un projet non pas parcellaire mais global.

Nul besoin de céder à l’auto-flagellation

Ensuite, LR – nul besoin de changer de nom – n’a aucune raison d’envier les autres alliances et familles politiques. On voit à quel point la NUPES est déjà gangrenée par des dissensions internes. Fabien Roussel, par exemple, est rétif à se soumettre à la domination d’un Jean-Luc Mélenchon, d’autant plus insupportable que ce dernier se garde bien de s’engager directement dans le combat législatif. Contrairement à la courageuse implication d’une Elisabeth Borne dans le Calvados: l’un fort en gueule, l’autre forte en acte !

Les ridicules mais terrifiantes provocations d’un Eric Piolle à Grenoble sur le port du burkini dans les piscines de la ville constituent un boulet de plus pour EELV dont les maires semblent faire une compétition – récemment encore à Lyon – pour démontrer qui sera le plus sectaire, le plus idéologue. Alors que sur le burkini, David Lisnard (qui n’exclut pas à titre personnel de postuler à la présidence des LR) et l’association des maires de France réclament à juste titre une « clarification nationale ».

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Il n’y a pas non plus de quoi susciter la jalousie, à considérer Renaissance, en raison des difficultés pour faire accepter sur le terrain le choix des candidats – validés un à un par Emmanuel Macron – et des calculs d’apothicaire pour les différentes forces composant Ensemble. En effet, au regard du nombre d’ambitions déçues, de sortants relégués sans comprendre, pour des motifs bassement politiciens, il est patent que l’ancien monde revient avec aigreur dans un macronisme dont on attend de savoir comment il gouvernera autrement alors qu’il démontre son enlisement dans des processus tristement traditionnels.

Des oppositions qui ne sont pas insurmontables

Les adversaires de LR ne sont donc pas légitimes à lui donner des leçons. Mais cela ne suffit pas pour faire surgir l’aurore au sein de cette force que je souhaiterais intelligemment et fièrement conservatrice, l’intelligence en l’occurrence étant de ne plus rougir en permanence de son identité comme si c’était à la gauche et à l’extrême gauche de nous imposer leurs diktats. Qu’elles s’occupent d’elles-mêmes mais qu’elles laissent la droite – mais il faut que celle-ci le veuille – gérer son champ et l’affirmation sans honte ni démagogie d’elle-même.

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Il conviendra qu’elle cesse de se poser des problèmes inutiles sur les divers courants la structurant et qui seraient, paraît-il, contradictoires. En gros, Eric Ciotti serait incompatible avec Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez avec Michel Barnier. À mon sens, de telles discussions sont superfétatoires. À force de se pencher avec trop de sophistication sur l’identité souhaitable de la droite, sur sa cohérence et l’apport dont elle doit faire bénéficier la démocratie, on en oublie les éléments fondamentaux qui la définissent et sans lesquels elle risquerait de se dégrader en un salmigondis mou, tenté ici par un dépassement sans efficacité et là par un extrémisme dénué de tout caractère opératoire. Plutôt que de dissocier, il faut réunir et constituer cette plénitude diverse, voire contrastée, telle une chance, et non pas comme un handicap.

Quelques lignes directrices indispensables

Cette droite, ce doit être du régalien, de l’autorité de l’État. Pour les transgressions minimes comme pour les infractions les plus graves, en corrigeant le macronisme et sa faiblesse, son manque d’équité, son deux poids et deux mesures constants. Il faut que le citoyen, quelles que soient ses orientations, perçoivent dans l’action du pouvoir l’application du principe de justice. Personne ne doit y échapper.

Cette droite, ce doit être du social. Il y a des valeurs, des exigences que la gauche s’est appropriée abusivement alors qu’ils relèvent de ce qui fait nécessairement le fond d’une politique digne de ce nom. Il n’y a pas d’un côté le réalisme et sa sécheresse et de l’autre l’humanisme et la générosité, apanage prétendu du progressisme. Il ne peut pas y avoir de droite authentique sans cette prise de conscience et cette volonté d’inscrire dans sa pratique cette synthèse obligatoire.

Cette droite, ce doit être l’écoute et le respect du peuple sans qu’on éprouve le besoin de disqualifier cet impératif en populisme. Elle est profondément étrangère à tout ce qui, par mépris ou exclusion, opposerait des citoyens de première classe à d’autres de seconde zone, à tout ce qui, par condescendance sociale, privilégierait des élites par principe intouchables contre une multitude dont on moquerait les attentes et les peurs.

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Cette droite, ce doit être enfin le culte de la morale publique, la volonté de ne rien laisser passer qui soit trouble, obscur, partial, vulgaire, clientéliste, les coulisses et leurs odeurs prenant le pas sur la belle transparence d’une République irréprochable.

Pas si compliqué à faire. Il suffit d’être attentif à ces enseignements dont le passé a démontré la validité et le présent sa regrettable absence. J’ai aimé l’enthousiasme d’Agnès Evren. On n’est pas obligé d’être lugubre quand on a perdu avant la prochaine victoire. Il est clair que les citoyens continueront à fuir une droite qui se trahit et se plaint. Au contraire, qu’elle surprenne, se redresse et ne demande surtout plus à la gauche et à l’extrême gauche de lui délivrer un permis d’exister.



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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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