Les critiques littéraires de Causeur ont le nez creux. Dès le mois de mai, l’excellent Thomas Morales, infatigable lecteur qui préfère Blondin au Nouveau Roman et Modiano aux laborantins fous de l’autofiction, attirait notre attention sur le passionnant roman de Pauline Dreyfus, Immortel, enfin (Grasset). Pauline Dreyfus y évoque la vie de Paul Morand, le plus célèbre globe-trotter de la littérature française, styliste salué par Proust dès ses premières nouvelles. Le choix de Pauline Dreyfus, plutôt que de jouer avec les clichés sur le cosmopolitisme dandy, est au contraire d’imaginer Morand vieillissant, à travers ses deux échecs successifs à l’Académie Française, à cause de l’opposition de De Gaulle qui ne lui avait pas pardonné d’avoir été ambassadeur sous Vichy. C’est seulement à sa troisième tentative, alors qu’il est octogénaire, que Morand réussit enfin à entrer sur la Coupole.
Immortel, enfin vient d’être couronné ce 29 janvier par le premier prix décerné en cette année 2013, celui des Deux-Magots. Joli clin d’œil, le prix des Deux-Magots fête cette année ses 80 ans, l’âge même où Morand put enfin entrer à l’Académie. Autre fait remarquable à signaler, le roman de Pauline Dreyfus a été élu à l’unanimité des 13 jurés du prix parmi lesquels on compte Eric Neuhoff ou Gille Lapouge, sous la présidence de Jean-Claude Caracalla.
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