La France vient de perdre un de ses plus grands spécialistes de l’histoire de l’antiquité, une perte ressentie bien au-delà de ses frontières. Car Paul Veyne était non seulement un latiniste éminent, mais un érudit passionné qui savait faire partager ses passions. Hommage à celui qui prétendait dans le titre de son livre de souvenirs que, « dans l’éternité je ne m’ennuierai pas ».
On le rencontrait très tôt, le matin, sur le cours Mirabeau, à Aix-en-Provence. Descendu du Ventoux pour ses cours à l’Université, il fleurait bon le grand vent, la garrigue. Il traduisait Tacite comme personne : ses images, sa syntaxe incongrue, ses « intrigues ». Il faisait vivre Sénèque en conférencier d’une jet society déjantée. Quant à Virgile, il était Orphée descendant aux Enfers : sa traduction de l’Énéide est une merveille. Plus tard, on allait à ses cours au Collège de France en dilettante. Anti-conformiste, spirituel, érudit, sa parole était aussi stimulante et savoureuse que sa prose. Le latin était, pour lui, une langue vivante. Il avait cet accent du Midi qui accentue, chante et enchante. L’historien de l’Antiquité, Paul Veyne, est parti pour l’éternité, le 29 septembre, dans le petit village de Bédouin, au pied du Ventoux.
Né en 1930 à Aix-en-Provence, d’une famille modeste, professeur au Collège de France, sa vocation part de la découverte, enfant, sur un marché de Cavaillon, d’une amphore celtique.
