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L’antiracisme bon marché peut rapporter gros


L’antiracisme bon marché peut rapporter gros
Patrisse Cullors © S Meddle / ITV / Shutterstock / SIPA Numéro de reportage : Shutterstock40635284_000048

La cofondatrice de Black Lives Matter et militante LGBT Patrisse Cullors a fait l’acquisition d’une luxueuse maison dans le quartier huppé de Topanga Canyon à l’ouest de Los Angeles.


Les mouvements “antiracistes” ont le vent en poupe, du moins dans certains milieux. Causeur propose -très- régulièrement la chronique de leurs excès. Mais pour une grande majorité des Français les notions de “racisme systémique” et de “privilège blanc” restent des expressions suspendues dans l’air médiatique et n’ayant aucune incidence sur leurs vies. Les agriculteurs, les artisans ou les ouvriers qui tirent le diable par la queue ont d’autres préoccupations, surtout en ces temps de crise sanitaire. Ils ne savent rien des théories sur le genre ou des thèses décolonialistes et seraient bien surpris d’apprendre qu’ils sont censés participer à la « masculinité toxique », à la « culture du viol » ou au « racisme systémique ». La vie réelle les tient pour le moment écartés des théories gazeuses qui pullulent dans les sciences sociales ou les instituts de sciences politiques. Malheureusement, après un dressage opéré entre autres par une école publique qui n’instruit plus mais qui « déconstruit des stéréotypes », fait désigner des « éco-délégués » ou lutte contre le racisme grâce à des conférences animées par Lilian Thuram, certains de leurs propres enfants sont devenus les êtres les plus perméables aux théories de Rokhaya Diallo. 

Airbnb frappe un grand coup

Par conséquent, une certaine jeunesse estudiantine nous en remontre jour après jour. Si, par un malheureux concours de circonstances, l’un de ces étudiants échoue à entamer une carrière universitaire à Paris 8 ou à Sciences Po, journalistique à Médiapart ou Télérama, ou politique à LFI ou EELV, qu’il ne désespère pas : de plus en plus d’entreprises privées mettent un genou à terre et ne jurent plus que par l’antiracisme publicitaire et la spectaculaire et attendue repentance des Blancs. 

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Parmi elles, la société américaine Airbnb a frappé un grand coup. « Ressources contre le racisme pour la communauté Airbnb », tel est le titre d’un document qui explique à tous les employés de cette « communauté » comment « devenir un meilleur allié » de l’antiracisme. Ce document, destiné à toutes les filiales de la firme, contient un guide intitulé Activisme et Alliés proposant une prise de conscience déclinée en trois phases précises. Globalement, les gens privilégiés (en gros, les Blancs) doivent faire preuve d’empathie, s’effacer devant les « personnes marginalisées » (en gros, les non-Blancs) et travailler activement à « démanteler les structures de leurs privilèges. » Suit une longue liste de conseils dont nous retiendrons les suivants : « Soutenez financièrement les organisations sur le terrain dans le (s) lieu (x) touché (s), en particulier celles qui sont dirigées par des Noirs, des Autochtones et / ou des personnes de couleur. […] Renseignez-vous sur l’histoire des inégalités qui ont marginalisé les Noirs.[…] Soutenez les organisations nationales et locales qui travaillent pour élever et libérer les Noirs et les communautés – de préférence celles dirigées par des Noirs. […] Si vous gérez des employés noirs, soyez sensibles aux traumatismes qu’ils subissent et gérez-les avec compassion. […] Pensez à regarder la vidéo de George Floyd (avertissement: cela vous mettra extrêmement mal à l’aise) […] Si vous choisissez de ne pas le faire, demandez-vous pourquoi vous choisissez de ne pas le faire et examinez ce que vous pouvez apprendre de cette introspection.» Ce n’est plus un genou mais les deux qu’il faut enfoncer en terre, en se couvrant la tête de cendres et en pratiquant une repentante auto-analyse flagellatrice !

La (qualité de) vie de Patrisse Cullors compte

Il n’est pas impossible qu’en plus de se ripoliner la conscience la société Airbnb espère mettre en sourdine des mouvements revendicatifs à propos des salaires et des conditions de travail en valorisant une cause “humaniste” qui repose pourtant littéralement sur des principes racistes, puisqu’elle oppose un groupe à un autre selon la seule différence de couleur de peau et selon un seul a priori essentialiste: les Noirs sont des victimes, les Blancs sont des privilégiés. Elle substitue ainsi aux luttes sociales qui la mettraient à mal, les combats mous d’un antiracisme de circonstance qui nuisent finalement aux bons rapports entre employés, quoiqu’elle en dise, et affaiblissent la solidarité nécessaire pour revendiquer de meilleures conditions de travail concernant tout le monde, que l’on soit noir, blanc ou jaune. Irréprochable aux yeux des antiracistes professionnels comme à ceux de ses actionnaires, Airbnb gagne sur tous les tableaux.

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Patrisse Cullors, la co-fondatrice de l’association Black Lives Matter – association qui a reçu de généreux dons d’Airbnb – croit elle aussi dur comme fer que les Blancs sont tous des privilégiés et les Noirs tous des victimes. Pour en faire la démonstration cette marxiste convaincue a décidé de vivre dangereusement : elle vient de faire l’acquisition d’une luxueuse villa d’un coût de 1,4 million de dollars dans un quartier riche de Los Angeles habité à près de 90% par des… Blancs. Si, décidément, le racisme de ses nouveaux voisins nuit à sa qualité de vie, elle pourra toujours louer sa magnifique maison. Nul doute que, dans ce cas-là, elle fera appel à Airbnb.

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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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