Chevreuse, le dernier roman du Prix Nobel 2014, est une variation enchantée sur des souvenirs de pensionnat.
On prend un nom comme on tire sur le fil d’une pelote de laine et tout vient lentement, avec un léger retard lorsqu’un nœud apparaît. Patrick Modiano nous propose Chevreuse, et la mémoire exhume un paysage, un lieu, des personnages, une atmosphère, quelque chose d’indicible qui serre la gorge, surtout si le nom révélé fait écho à votre propre existence. La mémoire délivre ses souvenirs, jamais sur commande, mais seulement quand l’un de nos cinq sens est convoqué, par hasard.
Anamnèse dans les Yvelines
Ce mécanisme-là, la mémoire sensorielle, on l’attribue à Marcel Proust, avec sa fameuse Madeleine trempée dans du tilleul ou du thé. Mais Chateaubriand l’avait déjà évoqué dans les Mémoires d’outre- tombe avec le gazouillis de la grive de Montboissier. C’est le processus de l’anamnèse. Dès le début
