Monsieur Patrick Kanner, l’actuel ministre de la Ville, vient d’apporter un magnifique démenti au livre d’Élisabeth Lévy, La Gauche contre le réel. Il reconnaît qu’il y a en France « une centaine de quartiers » qui présentent « des similitudes potentielles avec Molenbeek ». Et ce ministre fait partie d’un gouvernement de gauche. Cela nous confirme qu’il y a dans ce gouvernement des gens capables de retirer les œillères de la gauche bien-pensante.
Face à eux, l’autre partie de la gauche gouvernementale leur envoie dans les dents un direct de gauche. Jean-Christophe Cambadélis et Julien Dray ont aussitôt bondi et ont répliqué au ministre de la Ville que cette vérité-là n’était pas le bon message à adresser au pays. Comme si les Français qui regardent les infos ne savaient pas qu’il y a en France des quartiers où la police, les pompiers et les médecins ne peuvent pas venir sans protection.
Cambadelis et Dray insistent pour qu’on parle d’« immeubles », et non de « quartiers », et qu’on mette en avant l’intégration qui marche. Des maires de droite et du centre s’indignent, eux aussi, qu’on stigmatise leurs villes et tous leurs habitants, comme si « quartiers » et « villes » étaient des synonymes.
Mais qui a prétendu qu’à Molenbeek et dans les quartiers similaires ne vivent que des terroristes ? Aurait-on oublié que ce sont des habitants de ces quartiers qui avaient demandé à Sarkozy de les « débarrasser de la racaille » ?
Quatorze ans après la parution des Quartiers perdus de la République, on ne saurait toujours pas les appeler par leur nom ? La gauche se fracture à nouveau sous nos yeux, comme sur tous ses fondamentaux.
Le bilan de cet affrontement constitue néanmoins une bonne nouvelle : il y a des ministres de gauche qui reconnaissent la réalité, en acceptant d’être tancés par leur famille. Pourvu qu’ils tiennent bon !
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